Léthargie du tourisme burkinabè : Un coup dur dans une résilience acariâtre
C’est un secret de polichinelle, le tourisme burkinabè n’est plus que l’ombre de lui-même. C’est le constat perceptible depuis 2016 où nous assistons à une recrudescence des attaques terroristes. Quatre ans après ce mauvais signal, la Covid-19 ravageante avec son corollaire de restriction des mouvements des populations a aggravé la situation. Secteur touristique moribond, économie morose, situation confuse, les acteurs touristiques vivent un cauchemar sans pareil depuis pratiquement sept ans. Malgré l’avalanche, les Burkinabè tentent tant bien que mal de résister afin de ne pas sombrer. Et les résiliences se multiplient.
Comme si cela ne suffisait pas, il a fallu attendre le 23 janvier 2022 pour voir la patrie des Hommes dits « intègres » plonger de nouveau dans une situation d’incertitude. Le régime Roch Marc Christian Kaboré est déchu. Un coup de force militaire l’oblige à plier bagage. Le Gouvernement est dissout, l’Assemblée nationale est dissoute, la Constitution est suspendue, un couvre-feu est instauré de 21 heures à 5 heures du matin. Loin donc de sortir de l’auberge, les voyants sont au rouge à tous les niveaux. Dans cette nouvelle ère dégradante, le tourisme peut-elle prospérer?
Il est de notoriété publique que l’Africain, de manière générale et le Burkinabè en particulier n’est pas grand amateur de tourisme. C’est pourquoi, depuis les indépendances, différents efforts ont été consentis par certains gouvernements successifs. Ce secteur touristique porteur, même dans une situation stable n’a jamais été le dada des Voltaïques, encore moins des Burkinabè.
Les politiques (Politique Nationale de la Culture-PNC ; Stratégie Nationale de la Culture et du Tourisme-SNCT) mises en place pour promouvoir le riche patrimoine naturel et culturel se heurtent toujours à ces grands maux sociopolitiques.
Néanmoins, il faut le rappeler, la mise en valeur de plus de 1000 sites et attraits touristiques sur tout le territoire national, a développé des offres dans le tourisme d’affaire au Centre, le tourisme culturel à l’Ouest, le tourisme cynégétique à l’Est et le tourisme d’aventure et de raids au Sahel (SNCT 2018-2027). Mais qu’en est-il aujourd’hui, dans un pays presqu’en lambeaux, et de surcroît déconseillé aux touristes?
Disposons-nous encore d’énergie pour prôner/prêcher la résilience? Quelle résilience?
Face à ce mal terroriste, face à cette omniprésence du virus têtu qui progresse de manière insidieuse, face à cette instabilité politique, à quoi peut-on s’attendre avec un secteur touristique déjà en lambeaux ? Que faire ?
Au regard de l’importance du tourisme pour un pays, il va de soi que les acteurs concernés et surtout les nouveaux patrons du pays s’y penchent en toutes âme et conscience même si actuellement ce n’est pas, selon les avis partagés, la priorité des soucis. On ne peut pas faire du tourisme avec la peur au ventre, même étant un Burkinabè. C’est pourquoi le mot « résilience » sonnerait comme un rébarbatif. Nous avons tous intérêt à ce que l’intégrité du territoire soit rétablie, sinon cette résilience tant chantée ne restera que vain mot.
La Rédaction