Reggae burkinabè : Dans un état moribond !

Reggae burkinabè : Dans un état moribond !

Le 11 mai prochain, le monde entier et le Burkina en particulier vont commémorer le 40e anniversaire de la disparition du Roi du reggae, Robert Nesta Marley alias Bob Marley. Point n’est besoin  de le souligner, sa popularité est aussi intacte que de son vivant.

Bob Marley est définitivement entré dans le panthéon des grandes figures culturelles du siècle dernier et de ceux à venir. Au Burkina Faso, sa disparition est, depuis quelques années, diversement célébrée en guise d’hommage.

Une chose est sûre, à l’instar  de nombreux autres pays  africains, le pays des Hommes intègres regorge d’adeptes, de partisans et de fanatiques de la musique reggae. Il suffit pour s’en convaincre de faire le constat, le 11 mai prochain ou de suivre les rares émissions de reggae sur nos stations radios. Paradoxalement, cet engouement pour la musique de la star interplanétaire du reggae contraste avec la situation moribonde pour ne pas dire comateuse de notre reggae national, ces dernières années. Existe-t-il encore des chanteurs reggae burkinabè actifs ?

Le reggae burkinabè va-t-il sombrer dans la léthargie comme cela a été le cas auparavant du rap burkinabè ? D’ailleurs, notre rap est-il en train  de sortir la tête de l’eau avec le printemps trap dont l’une des figures du moment est Kayawoto? A chacun d’en juger. Mais pour revenir à notre substance, disons que le reggae burkinabè  est depuis quelques années  agonisant. Où sont-ils passés ?  Zêdess, Madess, Sams’k Le Jah, Almamy KJ ? Malheureusement, la liste pourrait être allongée à l’infini.

Après avoir tenu en haleine pendant plusieurs années avec ses émissions radiophoniques reggae des milliers de filles et fils de « Jah », et tenter tant bien que mal d’inscrire dans la durée le « Reggae City Festival », Sams’K Le Jah est, depuis quelques temps, aux abonnés absents sur  la scène musicale burkinabè. Zêdess, quant à lui, donne de notre point de vue, l’impression d’être plus préoccupé par son fauteuil de Directeur général du CENASA ou par l’après CENASA. On pourrait en dire autant de Madess et son initiative « Marley d’or » qui récompense chaque année des artistes reggae ou tendance reggae. Que dire de Almamy KJ  qui, de plus en plus préfère plutôt  poursuivre la « lutte contre Babylone » sur le terrain de la lutte syndicale ?

Ils ne sont pas, relativement les meilleurs du reggae au Burkina Faso, mais reconnaissons qu’ils ont inscrit leur nom dans cette sphère.

Certes, des reggaemen tels Jah Vérity et dans une moindre mesure « le crieur public », Sana Bob, essaient de maintenir allumé, comme ils peuvent, le flambeau du reggae burkinabè. Malheureusement, l’homme au mégaphone semble décoloré la teneur de son reggae au détriment d’autres sonorités traditionnelles, notamment le Wedbindé, le Warba, le blues sahelien, etc. Chose bien! Mais dans ces conditions, peut-on encore compter Sana Bob parmi les artistes reggae burkinabè ? Les cadenettes ne sont pas nécessairement synonymes de reggae maker. Bref, nous laisserons ce débat aux musicologues étudiant les styles et genres musicaux.

Le plus important est de trouver, de manière commune, des solutions idoines afin de sauver la « maison reggae burkinabè ». Elle, qui s’écroule d’années en  années lentement et sûrement. Elle est dans une situation moribonde malgré les efforts de l’évènement « Marley d’or ». Mais dans cet élan, le promoteur dudit évènement semble se préoccuper de son business plutôt qu’une quelconque véritable projection du reggae burkinabè dans le temps et dans l’espace.

En attendant, il revient aux adeptes et artistes suscités de redonner du sourire à ces milliers, peut-être ces millions de fans et amoureux de la musique reggae burkinabè qu’ils ont laissés, depuis des années, orphelins. Mais comment? Il faut alors sérieusement se poser la bonne question pour ne plus stagner dans les mêmes mélodies populaires jamaïcaines qui ont bercé l’univers. Il faut être plus créatif et musicalement (reggae) mûr.

La Rédaction

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