Marie Gayeri : Une mine d’or dans un circuit musical inerte
Native de Pièla, dans la Gnagna (Est du Burkina Faso), Marie Gayeri est une auteure compositrice interprète de la musique du terroir Gulmu. Reflet d’une identité musicale hautement symbolique, cette cantatrice traditionnelle est une perle rare sur l’échiquier musical burkinabè. Qu’on soit professionnel ou profane de la musique, le fredon de cette voix mélodieuse, rythmée et puissante est obsédant et laisse toute personne stupéfaite.
Pour avoir voyagé avec un tel monument à Abidjan dans le cadre du Marché des Arts du Spectacle d’Abidjan (MASA) en 2018, elle ne nous a pas laissé indifférents. Pendant sa prestation, vous percevez toute l’énergie, qu’elle va chercher dans son ventre pour exprimer aisément sa forteresse vocale.
Comme un tsunami, l’écho de cette voix unique et singulière même dans le tréfonds d’un puits retentira aussi fort. Marie Gayeri est un trésor vocal vivant qui jusque-là patouille dans une sphère où peu d’acteurs reconnaissent son haut niveau.
Un apprentissage, un destin
C’est auprès de Timpoukou Lankoandé (une autre légende vivante de la région) et de Tandi Damiba qui deviendra plus tard son conjoint, qu’elle fit ses véritables premiers pas. Membre d’une troupe traditionnelle dont elle fut la leader vocale, Marie Gayeri a, par la suite pris part à la Semaine Nationale de la Culture (SNC), en tant que vedette de la chanson traditionnelle au GPNAL. Sur plusieurs participations, elle a, à trois (3) reprises, été lauréate.
En février 2019, Marie Gayeri a jugé opportun de mettre à la disposition des mélomanes burkinabè, un album sous l’aile d’une jeune structure de production dénommée, Musik Univers. Intitulée « Yaaba », l’œuvre de six (6) chansons explore le folklore gourmantché, une évidence, et qu’elle teinte avec une dose urbaine.
Dans cette première aventure avec sa maison de prod, croyez nous, Marie Gayeri n’a seulement exploité que les 10% de son potentiel artistique. Son apprivoisement visant à la positionner dans un marché urbain (feat Sofiano surtout) n’est pas adapté à son style original et authentique. L’ouverture dont recherche Musik Univers doit s’inscrire dans un projet artistique pérenne et non temporairement, dans un marché local truffé de musiques légères et assistées par ordinateur. Une telle perle rare a besoin qu’on élabore un sérieux projet artistique définissant clairement la singularité du produit artistique, les atouts, les opportunités du marché (à grande échelle), la cible et les outils stratégiques adaptés pour la conquête du monde, etc. Musik Univers, saluons l’engagement du jeune promoteur de ladite structure, Clovis Fidèle Ouédraogo, a les mains frêles pour coopter tout seul, Marie Gayeri. Il faudra bien plus que ça pour faire rêver tout un pays voire tout un continent, sur le toit du monde avec cette dame. Et en la matière, notre voix du Gulmu a plus que les atouts nécessaires.
Malick SAAGA