Des bévues à la Nuit de la voix d’or : Attention, il faut se ressaisir !

Cooptée par la structure Andream Production d’Andrea Carole Ouédraogo, la première édition de la Nuit de la voix d’or s’est tenue. La bonne-dame et sa jeune équipe ont pu honorer l’engagement en réussissant au moins l’organisation de la soirée. Un pari gagné à ce niveau, puisqu’au regard de leurs « maigres » ressources, c’est bien un exploit. Il faut pour autant s’en féliciter. Avec rien, selon la confidence des organisateurs, ils sont arrivés à mobiliser des personnalités ainsi que d’autres acteurs clé du monde culturel au soir de la finale. C’est dans une salle quasi-pleine du maquis le Décodeur, que les invités ont découvert les performances des candidats en lice. Il s’agissait de Limachel, Pam Luster et Soké.

Pam Luster, lauréate

En effet, la Nuit de la voix d’or est une compétition musicale ouverte aux artistes professionnels burkinabè qui disposent d’au moins un album déclaré au Bureau Burkinabè du Droit d’Auteur (BBDA). L’objectif d’un tel concours est de dénicher l’artiste burkinabè le plus convaincant en vue de le positionner hors du pays. Et ce, non pas sur la base des exploits engrangés ou du succès antérieur, mais à partir d’une compétition musicale live. C’est à ce titre que sept (7) candidatures ont été reçues dont trois techniquement retenues par un jury. La Nuit de la voix d’or consistait donc à départager les finalistes sur la base de leur performance live. Chacun des candidats, a eu trois passages. Accompagnés par le seul et unique orchestre, ils ont interprété chacun donc, une chanson de leur répertoire, puis une chanson de l’artiste, Serge Bethsaleel imposée par le jury et enfin une improvisation sur un instrumental live quelconque.

Pam Luster, la meilleure performance

Au terme des passages, Pam Luster s’est imposée, damant ainsi le pion à Limachel et Soké. Lauréate, elle décroche d’office son pass pour l’évènementiel « La Guinée au Zénith » de Paris, le 3 octobre 2021. Séance tenante, plusieurs autres lots de partenaires ont accompagné son bon. Les deux finalistes malheureux n’ont pas également démérité. Ils sont également répartis avec des lots et des bons d’enregistrement. Bravo à la jeune équipe de la Nuit de la voix d’or pour avoir tenu la promesse à travers l’organisation pratique de l’évènement.

Mais l’arbre ne devrait pas cacher la forêt. Il y a eu des imperfections, du tâtonnement et des bévues dans l’organisation pratique. C’est humain, mais parlons-en, pour une meilleure amélioration de l’évènement, les prochaines éditions.

Un présentateur moribond

Tout d’abord, le présentateur de la soirée, Serge Hobama, animateur culturel à la télévision BF1, n’a pas été à la hauteur. Peut-être par amateurisme, peut-être par désintéressement. Mais, qui mieux que lui, « professionnel » du micro, pour savoir que la réussite d’une fête dépend de la maitrise de la cérémonie ? La première qualité d’un présentateur professionnel et sérieux, c’est la maîtrise du fil conducteur, sa capacité d’improvisation à tenir en bonne haleine le public pendant les instants moribonds. Il aurait pourtant pu donner de l’étincelle à la soirée. Il a manqué du punch dans sa prestation.

Que dire des partenaires qui s’alternaient sur la scène pour la publicité de leurs produits ? C’était encombrant et lassant. Tout cela aurait pu être harmonisé de façon ingénieuse.

La chanson imposée est inappropriée 

La Nuit de la voix d’or a tâtonné dans les critères techniques d’évaluation. La chanson de Bethsaleel, imposée ne saurait honorer ces finalistes qui sont des artistes confirmés au même titre que celui qu’ils interprètent. Quelle que soit la technicité ou la qualité de la chanson, elle ne saurait s’imposer à Limachel, Pam Luster et Soké. C’est réducteur. Non, c’est inconcevable, inintelligible et frustrant. Pour les prochaines éditions, il faudrait impérativement revoir ce critère de chanson imposée. On aurait pu rendre hommage à une sommité de la musique burkinabè qui n’est plus de ce monde, en choisissant parmi les musiques classiques ou standards burkinabè. Ça aurait été au moins rationnel. Qu’à cela ne tienne, le jury s’est avéré professionnel et qualifié en attribuant le mérite à Pam Luster. Bien que ceux qui étaient à la régie technique n’aient pas pu doser le son, Pam Luster en a tiré le bon compte. Le jury a pris l’engagement de remettre aux candidats toutes les observations techniques faites et ça, c’est salutaire. Aussi, il faut envisager un alliage dans la composition du jury. Avoir plusieurs regards serait plus pertinent que de s’en tenir uniquement à des praticiens de la musique. 

Honorer la participation de la lauréate au Zénith de Paris, le vrai défi

De tout ce qui précède, il serait tout meilleur de s’améliorer pour les prochaines éditions. Mais le véritable défi serait d’honorer l’engagement en positionnant la lauréate comme prévu à la Guinée au Zénith de Paris. Si Andréa Carole Ouédraogo et ses partenaires ne tiennent pas promesse, nous doutons fort que la Nuit de la voix d’or ne tombe dans le discrédit et par ricochet, mourir aussitôt après sa naissance. Il faut honorer ses engagements avant la prochaine édition.

Ces observations devraient être perçues d’un bon œil. C’est sincère et franc. 

Malick SAAGA