Débat sur le développement des industries culturelles : Un casting raté sur la RTB
Les industries culturelles continuent d’animer les débats au Burkina Faso. Elles sont même de plus en plus préoccupantes et assez complexe à cerner. C’est du moins le constat. Le politique est soucieux, l’acteur culturel en parle quand bien même il ignore les contours et autres paramètres du terme industrie culturelle. Quelle est la bonne et meilleure formule pour mieux éclairer l’opinion et les Burkinabè sur la question ? Multiplier les débats ?
Hier encore, sur un plateau de la Radiodiffusion Télévision du Burkina (RTB), des personnes « ressources » ont été invitées à débattre sur « le développement des industries culturelles au Burkina Faso : enjeux et perspectives ». Un thème pertinent, qui intéressait plus d’un. Mais, au regard de la qualité du choix des trois (3) débatteurs, il fallait s’attendre à une émission qui laisserait les téléspectateurs sur leur faim. Un enseignant-chercheur et deux parlementaires. Casting raté ? A chacun d’apprécier.
Il aurait été judicieux, nécessaire et essentiel d’associer aux échanges, ne serait-ce qu’un agent du ministère de la Culture, des Arts et du Tourisme (MCAT) en l’occurrence le Directeur de la promotion des industries culturelles et créatives (DPICC) ou celui du Fonds de développement culturel et touristique (FDCT). Ce thème, peut-être politique avait aussi et nécessairement besoin d’une appréciation d’un entrepreneur culturel. Il avait sa place sur le plateau.
C’est pourquoi les interventions des deux parlementaires tout au long de l’émission bien que congrues paraissaient ébauchées. Ils n’avaient pas les réponses à toutes les questions, humblement ils l’auraient reconnu.
Il y a un enjeu culturel majeur lorsqu’on évoque les industries culturelles, surtout ses défis et perspectives. Toutes les composantes du secteur ne peuvent pas être réunies sur un même plateau télévisé. L’intérêt d’un tel sujet nécessite une bonne convocation de personnes ressources et averties. Nous en disposons pourtant bien au pays. Osons croire que ce n’est ni le début ni la fin, mais désormais il faudra sérieusement y penser.
Pendant longtemps, les réflexions ont été menées sur les industries culturelles et créatives. L’orientation stratégique de la Politique nationale de la culture adoptée en 2009 au Burkina Faso préconisait déjà un développement durable qui concilierait la dimension culturelle et la rentabilité économique. L’Etat burkinabè et les acteurs culturels avaient intensifié les initiatives culturelles pour un épanouissement économique et social des populations à travers la créativité, la promotion de la diversité culturelle, l’entrepreneuriat culturel, etc. C’est d’ailleurs l’un des objectifs culturels du Plan national du développement économique et social (PNDES) 2016 – 2020, à travers sa nouvelle stratégie pour la culture dénommée « Stratégie nationale de la culture et du tourisme (SNCT) ». Il faut qu’on accorde l’intellect sur la même tonalité.
Un rapport sur la Stratégie nationale de développement des industries culturelles et créatives (SND-ICC) mai 2018, a défini les Industries culturelles et créatives (ICC) comme étant des industries qui utilisent la culture et la créativité comme « intrants ». Le document plus étayant, informe que des études menées dans le monde dont celles de l’UNESCO, ont montré que « la part contributive des ICC au Produit Intérieur Brut (PIB) est importante et pourrait l’être davantage pour les pays en développement si des politiques publiques avisées étaient mises en œuvre ».
C’est ainsi que la communauté internationale a adopté la Convention 2005 sur la protection et la promotion des expressions culturelles, parfois appelée Convention sur la créativité, qui met l’accent sur les mesures à prendre pour développer les ICC et promouvoir les expressions culturelles. Et le Burkina Faso l’a ratifiée en 2006.
Alors, une autre Stratégie nationale de développement des industries culturelles et créatives (SNDICC) a donc été élaborée en 2018. Elle se veut une orientation pour bâtir une économie de la culture basée sur un environnement des affaires plus propices, un environnement technique plus approprié et un environnement financier plus accessible. Pourquoi, on n’en fait pas un référentiel ? Et à quoi servent véritablement les rapports qu’on produit, débats après débat, colloque après colloque, étude après étude ? Et en la matière la Direction générale des études et des statistiques sectorielles (DGESS) du ministère en charge de la culture et la Direction de la promotion des industries culturelles et créatives disposent de données qui pouvaient renseigner et convaincre le législateur, lui donner la température pour agir efficacement en fonction, une fois à l’hémicycle.
La question du développement des industries culturelles et créatives ne doit être appréhendée que politiquement. C’est pourquoi l’angle politique de ce débat a laissé la majorité sur sa faim.
La Rédaction