« Aïcha de Tombouctou » : Quand l’intolérance religieuse fragilise le tissu social
Dans le cadre de ses activités annuelles, ARCI Théâtre a présenté la première de son spectacle « Aïcha de Tombouctou », le 14 décembre 2024 au Théâtre Soleil, à Ouagadougou. Cette pièce théâtrale écrite par Thierry Oueda et mise en scène par Nomwendé Charles Tiendrebeogo s’inspire du texte « Le Marchand de Venise » de William Shakespeare, pour dépeindre l’intolérance religieuse qui conduit le plus souvent au drame.
« Aïcha de Tombouctou » est une pièce de théâtre proposée par Art-complet, recherches, créativités et innovations, en abrégé ARCI Théâtre. Ce spectacle programmé, les 14 et 15 décembre 2024 au Théâtre Soleil est un voyage dans l’épicentre de Tombouctou, ville historique et très symbolique du Mali où un conflit armé avait occasionné en 2012, la destruction de plusieurs mausolées historiques. Le dramaturge burkinabè, Thierry Oueda, auteur de « Aïcha de Tombouctou » s’inspire de la pièce de théâtre « Le Marchand de Venise » de William Shakespeare pour dénoncer, depuis Tombouctou, des attitudes et des comportements qui tendent à fragiliser mais aussi consolider les relations sociales.
C’est ce texte « Aïcha de Tombouctou » qui a intéressé le comédien, metteur en scène et doctorant en théâtre, Nomwendé Charles Tiendrebeogo, par ailleurs président d’ARCI Théâtre. Il met en scène une douzaine de comédiens pour non seulement dépeindre la force de l’amour qui transcende les cultures et les obédiences religieuses, mais aussi à l’opposé, indexe la cupidité de certaines convictions religieuses extrémistes conduisant au drame.
« Aïcha de Tombouctou » est l’histoire d’une fille de musulman salafiste, qui est amoureuse d’un chrétien. La « foi » religieuse du père rejette la relation de sa fille avec un non musulman. Pis encore, Salassa, ce personnage difficile, refuse de pardonner pour un prêt non remboursé. Il va même exiger de son créancier sa propre chair conformément aux clauses de leur contrat. Mais, la tournure des évènements a fini par noyer le prêteur cupide qui demandera clémence et miséricorde à son créancier. Cette dramaturgie ne vous rappelle-t-elle pas l’histoire du marchand Antonio et l’usurier Shylock où la plume de William Shakespeare avait nourri les débats sur l’antisémitisme ?
La pièce d’un autre côté, dresse aussi Aïcha, une figure très convoitée. Depuis Tombouctou, elle recherche le prince charmant de sa vie. Pour ce faire, elle soumet un test à travers trois coffrets intrigants. L’heureux élu est venu du royaume de Mogho à Ouagadougou, loin de Tombouctou. Une alliance qui va rapprocher deux sociétés, renforçant ainsi le brassage des cultures au-delà des barrières ethnocentristes. « Voilà un peu l’intrigue de cette histoire qui nous a permis de mettre à nu certains maux que peut vivre notre société. C’est une manière à nous aussi de contribuer à un retour de la paix dans notre pays. La résolution dans ce contexte, c’est de dire que nous sommes un seul peuple. Que nous soyons chrétiens ou musulmans, nous sommes un seul peuple et nous dévons être tolérants », a soutenu Nomwendé Charles Tiendrebeogo.
A travers donc « Aïcha de Tombouctou », il entend visiblement jouer sa partition dans la consolidation du tissu social au Burkina Faso, même dans l’espace AES ou ailleurs, tout en prêchant la tolérance religieuse, l’acceptation de l’autre, la cohésion sociale, etc.
Vous l’avez encore à l’affiche, ce 15 décembre 2024 au Théâtre Soleil, sis à Cissin, à 20 heures, pour un prix d’entrée de 1000 FCFA et 2000 FCFA.
Ram OUEDRAOGO
Kulture Kibaré