
« Les invertueuses » : Un film « Intègre » qui se désintègre
Le long métrage fiction « Les invertueuses » est l’un des deux films burkinabè en quête de l’Etalon d’or de Yennenga de la 29e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO). La réalisatrice d’origine burkinabè, Chloé Aïcha Boro, loin de refléter l’identité du pays des Hommes intègres dans son œuvre, sacrifie visiblement nos valeurs à l’autel de la dépravation des mœurs. Qu’est-ce qui la motive pourtant en tant que femme « Intègre » ? Une ouverture au monde ou le désir d'une émancipation libertine ?
Nous étions au Centre national de presse Norbet Zongo pour découvrir le film burkinabè, « Les invertueuses », en compétition officielle long métrage fiction, dans le cadre de la 29e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO). Il est donc en quête de l’Etalon d’or de Yennenga, le sacre suprême. La réalisatrice de cette œuvre cinématographique, Chloé Aïcha Boro est d’origine burkinabè. Peu importe sa naturalisation, elle a bien grandi à Ouagadougou, au pays des Hommes intègres où elle a pu inculquer des symboliques qui caractérisent la patrie des femmes et hommes intègres.
Il est certes avéré qu’aucune culture n’est immuable, tout évolue dans le temps et dans l’espace. Du passage de la tradition à la modernité, on assiste naturellement à une émancipation des individus sociaux avec des manières de voir, de faire, de penser et d’agir différemment. Cependant, chaque société aussi « primitive » (concept très péjoratif) qu’elle soit, repose sur un ensemble de normes et de valeurs qui rythment son fonctionnement. On devrait s’émanciper selon ses propres codes et pas uniquement sur la base d’un emprunt culturel. L’évolutionniste soucieux de changer le monde à sa guise développe son égocentrisme tandis que le culturaliste reste toujours influencé par sa culture intrinsèque et singulière. Toutes les cultures s’équivalent. Il faut respecter cet état de fait. Nous sommes embarqués dans une mondialisation qui tente de nous imposer une culture, une pensée unique. Et c’est la source des multiples crises. Bref, ce relatif long soliloque nous sert de préambule pour rentrer dans le vif du sujet : Chloé Aïcha Boro et son œuvre de l’esprit intitulé « Les invertueuses ».
En effet, le synopsis de ce film décrit : « Au Burkina Faso, sur fond d’avancée djihadiste, Natie, une adolescente mal dans sa peau, découvre que sa grand-mère a épousé un homme qu’elle n’aimait pas. En cherchant à réparer le destin brisé de sa grand-mère, Natie espère aussi se retrouver. Mais parviendra-t-elle à s’émanciper ? ». C’est peut-être un pitch qui aguiche certains. Malheureusement, après avoir suivi avec attention ce long métrage bien que fiction, nous avons remarqué qu’il fait dans l’apologie du LGBTQ et pose ainsi la réflexion sur nos libertés individuelles. Natie, cette jeune adolescente, complexée de sa nature féminine est tentée de se redéfinir masculin. Elle a un fort penchant pour la masculinité. Tout de suite, vous percevez la promotion du transgenre dans ce film burkinabè. Ce qui est osé dans le contexte actuel du Burkina Faso où l’émancipation du genre type est désapprouvée.
Pis encore, l’intrigue de « Les invertueuses » tourne autour d’un amour de jeunesse qui va aboutir après 45 ans d’hibernation sentimentale. Alors, on aperçoit dans la fiction, les deux personnages d’un âge avancé s’embrassant et se caressant les poitrines toutes nues de façon charnelle. Cette séquence impudique n’agrémente pas pourtant le fil de l’histoire. Au contraire, elle frise le ridicule par le simple fait que le corps de la grand-mère qui demeure celui d’une petite fille aux nichons intacts et croustillants est surréaliste. Casting raté ou maquillage raté sur un personnage du troisième âge ?
Il est évident que la réalisatrice Aïcha Boro cherche à s’ouvrir au monde à travers l’émancipation libertine de Natie ou l’histoire d’amour impudique de deux vieilles personnes. Dans cette présente édition du FESPACO dont le thème est : « Cinémas d’Afrique et identités culturelles », ce film « Intègre » se désintègre de la marche dynamique de la valorisation des identités culturelles africaines.
Toutefois, son œuvre n’est pas à bannir, car elle présente des réalités d’ailleurs où une certaine oligarchie raffole le contenu projeté. La Burkinabè Chloé Aïcha Bobo, apparentée aux Coulibaly au sein des peuple Malinké trouverait certainement son bon écho ailleurs, mais pas dans un cadre panafricain où toute la réflexion est actuellement tournée vers une décolonisation mentale et culturelle à travers la réappropriation du discours et de l’image. La liberté de créer de l’artiste, est à notre humble avis, mal perçue dans cette réalisation d’une Burkinabè d’origine. Lire aussi : https://kulturekibare.com/2025/02/24/all-the-colours-of-the-world-are-between-black-and-white-un-film-a-theme-lgbtq-en-competition/
Malick SAAGA
Kulture Kibaré