« Mangeuses d’âmes » : A l’Espace culturel Gambidi pour la dernière représentation
Dans la cadre de sa tournée africaine, la Compagnie Salamata Kobré avec l’accompagnement de ses partenaires dont l’Ambassade du Grand-Duché de Luxembourg au Burkina Faso propose quatre représentations artistiques à Ouagadougou. Après les deux premières soirées, la semaine dernière (12 et 13 décembre 2024) à l’espace Grace Théâtre Cité An 3, c’est au tour de l’Espace culturel Gambidi d’accueillir aussi ses deux représentations les 20 et 21 décembre 2024. Pour cette ouverture, le quartet a encore présenté un spectacle à la fois chorégraphique et théâtral en vue de dénoncer les violences faites aux femmes et hommes victimes d’exclusion sociale, et proposer une médiation pour soulager les peines de près de 180 pensionnaires du centre Delwendé de Sakoula.
C’est un sujet sensible et peut-être tabou sous nos contrées, mais les accusations à tort ou à raison de sorcellerie sont toujours perceptibles au 21e siècle dans nos centres urbains. Un fait irrationnel que seuls les « initiés » peuvent démontrer l’existence. Cependant, dans un Etat dit de droit, tout le monde ne partage pas le même avis sur la sorcellerie et certains semblent d’ailleurs voir une certaine forme de stigmatisation, d’exclusion et surtout de violence sociale faite à une catégorie de femmes.
En effet, la danseuse chorégraphe burkinabè, Salamata Kobré, engagée contre les violences faites aux femmes, à l’en croire, mène spécifiquement depuis trois ans une recherche artistique sur les femmes accusées de sorcellerie. Avec le soutien des partenaires dont l’Institut français de Paris ou encore l’Ambassade du Grand-Duché de Luxembourg au Burkina Faso, elle a pu collecter des informations auprès de personnes ressources ; rentrer en résidence de recherche à Ouagadougou et au Sénégal; créer le spectacle de danse « Mangeuses d’âmes » qu’elle a peaufiné en Allemagne ; jouer au Théâtre Paris-Villette (France) ; initier l’« Atelier danse thérapie » au profit des pensionnaires du centre Delwendé de Sakoula. Elle poursuit depuis décembre 2024, la même dynamique avec une tournée africaine avec à la clé la création chorégraphique « Mangeuses d’âmes ». Lire aussi : https://kulturekibare.com/2024/12/13/spectacle-mangeuses-dames-la-rude-epreuve-des-femmes-victimes-de-violences-sociales/
Avec trois danseuses et une comédienne, les quatre jeunes dames à travers les mouvements du corps et la voix, traduisent visiblement sur scène, l’ évidence de l’exclusion, de la souffrance des victimes et surtout la résilience par la médiation artistique.
L’« Atelier danse thérapie » qui a permis d’initer des femmes et hommes, tous pensionnaires du centre Delwendé de Sakoula, a présenté une restitution de plus d’une dizaine de participants en lever de rideau avant de céder la scène au quartet Salamata Kobré, Halimata Koussé, Hortence Ouédraogo et Coumba Ndiaye dite 314 du Sénégal. Des mouvements harmonisés et cadencés aux pas de danse énergiques en passant par une théâtralité fougueuse, l’évidence du calvaire des victimes d’exclusion sociale est perceptible. Il faut suivre le spectacle pour vivre soi-même les émotions et ressentir parfois l’indignation, le dégoût, etc.
Au-delà du spectacle « Mangeuses d’âmes », la Compagnie Salamata Kobré entend lever des fonds pour soutenir les pensionnaires du centre Delwendé de Sakoula d’où une contribution libre et volontaire à la fin de chaque représentation artistique.
« Mangeuses d’âmes » est encore à l’affiche, ce 21 décembre 2024 à l’Espace culturel Gambidi à 20 heures pour un prix d’entrée de 1000 FCFA. C’est la dernière représentation avant la conquête d’autres contrées (Ghana, Sénégal, Gambie, etc.).
Cheick Amir MANEGA
Kulture Kibaré