Spectacle « Tabataba » : Un dénouement perplexe
La pièce théâtrale « Tabataba » était à l’affiche les 22, 23, 27 et 28 novembre 2024 à l’Espace Grâce Théâtre Cité An 3. Lors de la dernière représentation, le public s’est encore mobilisé pour découvrir ou redécouvrir ce spectacle d’un dénouement perplexe. Car derrière la réticence d’Abou face aux vociférations de sa grande sœur Maïmouna, on n’en saura pas plus.
Après la première série de représentations les 6, 7 et 8 septembre derniers dans la cour de la famille Zoungrana, c’est au tour de l’Espace Grâce Théâtre Cité An 3 d’accueillir le spectacle « Tabataba » les 22, 23, 27 et 28 novembre 2024. C’est une pièce de théâtre en langue nationale mooré qui met en scène deux personnages, Maïmouna et Abou. Lire aussi : https://kulturekibare.com/2024/09/07/tabataba-une-piece-qui-fait-redecouvrir-le-moore-dans-toute-sa-splendeur/
La grande sœur Maïmouna qu’interprète Halimata Nikiéma est trop frivole. Célibataire narcissique aux mœurs légères, elle est très tourmentée par l’attitude de son petit frère Abou (rôle joué par Hypolitte Kanga), un jeune pubère mais qui refuse pourtant les commodités du modernisme. Le jeune homme préfère bricoler ses vieilles motocyclettes que de se défouler dans les coins chauds de la cité « Tabataba ». Maïmouna veut alors inciter son petit frère au show, à sortir avec les voisines, à se livrer même à la débauche sexuelle afin de montrer sa virilité. Mais, franchement, qui jouissant de toutes ses facultés mentales peut encourager son frère à une telle dépravation ?
Peut-être que Maïmouna a ses raisons de croire que Abou est soit impuissant, soit gay. Ce qui peut être considéré à « Tabataba » comme un déshonneur. Et si le doute de la grande sœur viendrait à se confirmer, le petit Abou serait la risée, le déshonneur de la famille. D’où le tempêtement durant tout le spectacle. Malgré tout, Abou ne bronchera pas et maintiendra sa position dans l’indifférence totale.
Dans cette adaptation et cette mise en scène de Sidiki Yougbaré à partir du texte de Bernard Marie Koltès, mille et une questions nous interrogent. Abou est-il vraiment impuissant ? Est-il vraiment gay ? Ou encore désire-t-il sa sœur mais sans l’avouer ?
Le dénouement du spectacle nous laisse perplexe parce que le spectateur n’est situé ni sur l’orientation sexuelle d’Abou ni sur ses fréquentations. Exprès ou tacite ?
Quoi qu’il advienne, le public de l’Espace Grâce Théâtre Cité An 3, a visiblement apprécié à travers ses vives acclamations. Satisfecit de toute l’équipe artistique et technique qui a su, avec le soutien du Bureau burkinabè du droit d’auteur (BBDA) faire voir ce spectacle pour questionner certains faits de la vie sociale.
Ram OUEDRAOGO
Kulture Kibaré