Atelier danse thérapie : La Cie Salamata Kobré outille les pensionnaires du centre Delwendé de Sakoula

Atelier danse thérapie : La Cie Salamata Kobré outille les pensionnaires du centre Delwendé de Sakoula

La danseuse chorégraphe, Salamata Kobré, à travers son Association Fondalè et sa Compagnie Salamata Kobré a animé un Atelier thérapeutique au profit des pensionnaires du centre Delwendé de Sakoula. L’activité a consisté à initier à l’art des personnes ayant subi une violence sociale tout en les amenant à s'exprimer librement. En huit jours de partage et d’échange artistique, 17 participants ont pu restituer une chorégraphie qui dépeint visiblement leur situation.

C’est dans le cadre du projet « Mangeuses d’âmes », initié par l’Association Fondalè et porté par la Compagnie Salamata Kobré, avec l’accompagnement de partenaires dont l’Ambassade de Luxembourg, que s’est déroulé sur deux semaines, l’atelier thérapeutique au profit de 18 pensionnaires du centre Delwendé de Sakoula. Ces bénéficiaires qui sont en majorité des vieilles femmes ont vécu une « violence sociale » voire une « exclusion sociale ».

Les 17 pensionnaires restituant les séances artistiques

En vue de comprendre le phénomène, mieux questionner la société, la danseuse chorégraphe burkinabè, Salamata Kobré a jugé nécessaire de créer un spectacle « Mangeuses d’âmes » qu’elle a présenté en juin dernier à Paris-Villette en France. « Je me suis dit qu’il ne faudrait pas que je m’arrête à la création et à la présentation de la chorégraphie. Je me suis convaincu qu’il était alors indispensable d’animer des ateliers thérapeutiques avec ces femmes pour vraiment les ressourcer, les ramener à la vie, soigner leurs corps meurtris », a expliqué la danseuse. Lire aussi : https://kulturekibare.com/2024/05/06/danse-choregraphique-le-spectacle-mangeuses-dames-en-gestation-depuis-lallemagne/

Salamata Kobré expliquant le projet aux invités

Son approche a consisté, à l’entendre, à échanger avec les pensionnaires du centre Delwendé de Sakoula, puis à les outiller en danse et théâtre. « Les séances ont consisté à les initier à l’art. Et la démarche était de voir comment nous voulons procéder à guérir leur mal ? Au départ, c’était très difficile parce qu’elles ignoraient ce qu’on voulait faire. Au fur et à mesure, il fallait beaucoup parler, expliquer, écouter et savoir ce qu’elles comprennent et ce qu’elles ne comprennent pas. Nous avons pu toucher leur for intérieur et nous avons partagé nos histoires aussi. Elles nous ont fait confiance en se laissant aller », a confié Salamata Kobré.

Le comédien et metteur en scène, Sidiki Yougbaré est également intervenu dans ce projet. Il s’est quant à lui penché sur le jeu théâtral. « J’ai fait quatre jours de travail. Au départ, ce n’était pas facile, il y avait une sorte de repliement sur soi-même, de peur de s’ouvrir à nous, comme si elles avaient été victimes de beaucoup de projets similaires qui n’ont pas abouti. Du coup, c’était difficile. On a eu l’idée de proposer des ateliers de jeu. Cela les a éclaboussées. Ça rigolait, elles sautaient comme des enfants. Je suis vraiment content d’avoir pu leur apporter ce sourire à travers ce projet », a-t-il indiqué.

A la fin de la restitution, Sidiki Yougbaré (gauche) est invité à remettre une enveloppe en guise de perdiem pour cette participante

Lors de la restitution, le public a pu percevoir, des mouvements d’ensemble, bien cordonnés et harmonisés de ces participants. Ils ferment la bouche avec la paume de la main, remuent la tête, indexent… Le spectacle vous transporte visiblement dans un univers de marginalisation, d’exclusion, de stigmatisation, etc.

Pour Muleya Vickness de la congrégation de Sœurs missionnaires de notre Dame d’Afrique, et par ailleurs directrice du centre Delwendé de Sakoula, l’Atelier danse thérapie a « porté beaucoup de fruits » et son impact est perceptible. « Celles qui ont participé étaient rayonnantes. Elles étaient capables d’être en contact avec ce qui se passe en elles désormais », a-t-elle salué. Elle espère que ce type de projet se perpétuera dans son établissement afin d’aider à panser certaines plaies toujours muettes.

Muleya Vickness de la congrégation de Sœurs missionnaires de notre Dame d’Afrique, directrice du centre Delwendé de Sakoula

La prochaine étape de l’Atelier danse thérapie est annoncée pour le 4 novembre 2024 au centre d’accueil et de formation de jeunes filles notre Dame de la Visitation de Dédougou.

Salamata Kobré ambitionne d’inviter les participants de ces deux ateliers sur une scène professionnelle.

Ram OUEDRAOGO

Kulture Kibaré        

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