Sécurisation financière des Récréâtrales : Un plaidoyer individualiste

Sécurisation financière des Récréâtrales : Un plaidoyer individualiste

Le 15 mai 2023, le ministre de la Communication, de la Culture, des Arts et du Tourisme (MCCAT), Jean Emmanuel Ouédraogo a reçu en audience le directeur artistique des Résidences panafricaines d’écriture, de création et de recherche théâtrales (Récréâtrales), Aristide Tarnagda. Des échanges, il est ressorti la « nécessité de structurer les productions des Récréâtrales, mais aussi la sécurisation financière de cet espace ». Il s’agit bien d’un plaidoyer qui consiste à « développer des mécanismes qui concourent à l’autonomisation financière » des Récréâtrales en vue de garantir une certaine pérennité. Aristide Tarnagda est naturellement dans son droit de se soucier d’un financement pérenne des Récréâtrales dans un paysage économique, de plus en plus incertain.

Il est certes possible qu’en 20 ans d’existence pour 12 éditions, les Récréâtrales ont peut-être acquis « une valeur de référence pour les questions de rapport aux publics, de retombés économiques positives que peut générer un événement culturel sur un quartier ». Mais, il n’y a pas que les Récréâtrales. Ce n’est pas le seul évènement de référence dans le paysage culturel et artistique burkinabè qui doit être questionné pour sa contribution dans la réalisation d’un Burkina Faso de paix. Il serait très prétentieux de l’affirmer.

D’autres plateformes dont le Festival international de théâtre et de marionnettes de Ouagadougou/Festival des arts du Burkina Faso (FITMO/FAB) qui a plus de trois décennies d’existence, méritent aussi d’être questionnées pour leur contribution au développement de la culture et des arts au Burkina Faso. Quid des cadres d’expressions du Carrefour international de théâtre de Ouagadougou (CITO), du Centre de développement chorégraphique (CDC) la Termitière, de la Fédération du Cartel, de l’Atelier théâtre burkinabè (ATB), entre autres ?

Il ne faudrait pas aller en rangs dispersés. Et certaines structures l’auraient compris et auraient décidé de mutualiser les efforts et les énergies pour une même cause. Car, il y a trois (3) ans environ, un groupe de structures dites « majeures », s’était réuni pour faire un plaidoyer commun auprès du ministère en charge de la culture. Il s’agissait du CITO, de l’ATB, du CDC La Termitière, de l’Espace culturel Gambidi, du Grain des arts et de la Fédération du Cartel. Ils ont été favorablement entendus par le ministre Abdoul Karim Sango, à l’époque, puisque chacune d’elles a bénéficié de 5 millions FCFA pour son fonctionnement. Une commission devait poursuivre la réflexion pour étudier la question de l’aide structurelle pérenne à ces structures « majeures », pour leurs contributions et leur impact dans le développement de la culture. Apparemment, avec l’instabilité politique, les choses n’ont plus évolué.

Alors, pourquoi les Récréâtrales surgissent à leur tour, toutes seules, pour ce même plaidoyer auprès du même ministère en charge de la culture ? C’était plus intelligible et rationnel de se rallier aux structures dites « majeures ». L’attitude des Récréâtrales nous semble égoïste et insociable dans ce plaidoyer individualiste. 

L’occasion faisant le larron, on se rappelle aussi, la Compagnie Falinga fondée en 2000 par Etienne Minoungou et qui était membre de la Fédération du Cartel, avait décidé de se retirer de l’organisation. Désormais, ce sont la Compagnie Théâtr’Evasion, l’Association Grâce Théâtre du Burkina Faso, la Compagnie Eclair et la Compagnie du Fil qui composent la Fédération du Cartel. La Compagnie Falinga n’en fait donc plus partie. Etienne Minoungou a ses raisons. Nous ne le ferons pas de procès. Mais, qu’il garde seulement en mémoire cette sagesse africaine qui enseigne que « seul on va vite, mais ensemble on va loin » (traduction littérale du mooré en français).

L’union fait la force. Il est plus ingénieux pour les Récréâtrales de faire un plaidoyer de façon concertée et commune. Le ministère en charge de la culture ou le gouvernement burkinabè va-t-il vraiment réfléchir sur un mécanisme de financement pour garantir la pérennité d’une seule initiative qui est les Récréâtrales ? Nous sommes plus que convaincus que non. Sinon, cela reviendrait à ouvrir la boîte de pandore, et entraîner une crise dans le secteur culturel.

Le ministre Jean Emmanuel Ouédraogo sait alors pertinemment qu’il ne peut pas satisfaire un plaidoyer des Récréâtrales et laisser les autres sur le carreau. Cela serait très injuste.

Il faudrait, de notre suggestion, identifier des structures ou des évènements culturels qui sont devenus de véritables patrimoines nationaux, pour les accompagner collectivement. Et dans la sphère, on ne trouvera pas que les Récréâtrales.

La Rédaction

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