Don de vivre aux artistes musiciens : Il faut vite arrêter cette humiliation

Don de vivre aux artistes musiciens : Il faut vite arrêter cette humiliation

L’artiste-musicien, Bi-Yèkè Nabié, mieux connu sous le sobriquet Bi Nabié, a remis le 12 janvier dernier, un lot de vivres au Syndicat national des artistes musiciens du Burkina Faso (SYNAMUB). Ce don était composé de cartons de pâtes alimentaires, de sacs de riz, de bidons d’huile, etc. Un acte qui traduit naturellement la solidarité du donateur envers ses collègues artistes éprouvés. Car, il est évident que dans ce contexte sécuritaire difficile avec son corolaire de limitation des réjouissances populaires, la fermeture de certains espaces récréatifs, le report ou l’annulation pure et simple d’évènements culturels, pendant ces dernières années, la pratique artistique est de plus en plus acerbe.

Le créateur d’art qui a besoin plus de cadre pour s’exprimer, perd de plus en plus de « gombo » (cachet d’artiste dans le jargon), dans un tel environnement mitigé. Bonjour donc la précarité, le misérabilisme, la clochardisation, la dépression, la folie, etc. pour la plupart des artistes qui se contentent de chanter sans développer d’autres initiatives.

C’est sans doute pour y remédier que le chanteur Bi Nabié, par ailleurs inspecteur divisionnaire des douanes du Burkina Faso, a décidé d’agir, parce qu’il estime qu’il faut marquer sa solidarité envers des Burkinabè.

Ce don est un geste salvateur certes, cependant, il faut l’avouer, l’artiste Bi Nabié se trompe de donataire. Le donateur bien qu’ayant de bonnes intentions n’a pas placé son fusil à la bonne épaule. Ce don de vivres vient confirmer l’opprobre sur certains artistes-musiciens burkinabé oisifs.

L’artiste est pourtant le reflet identitaire de la société, il est un modèle, un exemple voire un leader. Un artiste ne devrait pas exposer publiquement sa précarité même en temps difficile, sinon cela reviendrait à éteindre le mythe qui l’emballe.

Le Burkina Faso est attaqué des quatre coins. Des familles sont endeuillées, une partie des populations s’entasse en masse dans des camps de réfugiés. Le rôle de l’artiste aussi, c’est de développer des initiatives pour assister ces sinistrés. Et si l’artiste devient à son tour un assisté, pis encore, vit des dons de vivres, c’est l’humiliation et le déshonneur pour son statut d’artiste. Bi Nabié pouvait discrètement, pour témoigner de cette solidarité, remettre une enveloppe à ses collègues. Donner du riz, du spaghetti, d’huile, etc. tout en médiatisant l’acte est une humiliation du SYNAMUB, de ses membres. 

Les artistes burkinabè doivent s’adapter. Le contexte difficile l’exige. A défaut de développer des initiatives, il faut éviter cette avanie.

C’est pourquoi nous encourageons fortement ces artistes qui proposent des projets structurants, à travers leurs compagnies, leurs structures associatives, etc. Ils sont plus utiles pour le pays.

La Rédaction

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