Gouvernement Kyelem I : La culture toujours mise en veilleuse
Que devient sérieusement le département burkinabè de la culture, des arts et du tourisme ? Il faut vraiment se poser la question. Pour l’heure, il est rattaché au département de la communication. Et depuis décembre 2021, sous le régime Kaboré donc, on parle de ministère de la communication, de la culture, des arts et du tourisme. Et, visiblement dans cette fusion, la communication semble de plus en plus être la priorité au grand dam de la culture. C’est un fait. La dynamique perceptible à travers les Trésors Humains Vivants (THV) (nous respectons le fond mais nous déplorons la forme), le colloque national sur l’extrémisme violent et les valeurs de référence, l’engagement des ministères en charge de la culture des pays du G5 Sahel pour une une gouvernance intégrée du patrimoine culturel et artistique en lien avec la prévention et la lutte contre l’extrémisme violent, entre autres, est-elle vaine ?
Le Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR) I, à son arrivée, a maintenu la condensation des deux départements sans aucune réelle vision de rétablir cette séparation qu’a bien voulu Thomas Sankara, sous la révolution. Eh, oui, le Burkina Faso n’a attendu qu’en 1985, pour admettre le statut de ministère plein de la culture, des arts et du tourisme. Sinon, depuis 1971, la culture avait subi plusieurs fusions avec plusieurs départements à savoir l’éducation, l’information, le sport, la jeunesse, etc.
Sous le régime Compaoré, nous avons encore été témoin d’une nouvelle condensation de la culture avec la communication, jusqu’à un certain moment donné où l’homme politique avait peut-être compris, l’importance capitale d’ériger la culture en un département plein. Dans le gouvernement resserré, sous Roch Marc Christian Kaboré, la culture a, de nouveau été fusionnée, ou disons balayée.
Le gouvernement du Premier ministre Apollinaire Kyelem de Tambèla est connu depuis le mardi 25 octobre dernier. « On a encore fait la force à la culture… », nous confiait un ami au détour d’une conversation. A peine avons-nous demandé à comprendre le fond de sa pensée, qu’il ajouta : « La culture a été encore noyée dans un département ». Hélas, oui.
Notre culture devra donc, à l’évidence, prendre son mal en patience. Pourtant, dès les premières heures du coup d’Etat du 30 septembre 2022, les nouvelles autorités semblaient avoir sonné, du moins dans le discours, le retour du sankarisme ou des idéaux du père de la révolution burkinabè.
Mieux un Premier ministre connu pour son amour inconditionnel de Sankara, notamment sa politique révolutionnaire a été nommé. Or, s’il y a un domaine où l’impact de la révolution a été énorme, c’est sans conteste celui de la culture. Thomas Sankara était « culturel » dans l’âme. Le « consommons local », le port du Faso Dan Fani, la création des théâtres populaires (Ouagadougou, Gaoua, Koudougou, Bobo Dioulasso, etc.), la Semaine nationale de la culture (SNC) et les bals populaires pour ne citer que ceux-là, ont tous été créés, ou ont atteint leur point culminant sous la révolution. Quoi donc de plus normal que ses héritiers, ou du moins qui s’en proclament lui emboîtent le pas ?
La culture aurait dû, de ce point de vue, avoir un ministère « plein » parce qu’il a, à lui seul trois grands pans : Culture, Arts et Tourisme. C’est à notre sens, le minimum pour un gouvernement de cette envergure de surcroît sankariste.
La Rédaction