Festival « Kaïros » : En deux éditions, une collaboration déjà avec l’Italie et le Brésil
Après la première édition, l’année dernière, « Kaïros » n’entendait pas reporter sa deuxième édition consécutive. Malgré un contexte politique instable où le sponsoring des évènements est de plus en plus rare, les organisateurs de ce festival naissant ont pu mobiliser, visiblement, le minimum de ressources financières pour l’organisation de l'acte II. Entre le 27 et le 29 octobre 2022, le centre musical la « Dernière Trompette », a accueilli près d’un millier de festivaliers autour d’enseignements bibliques et surtout de concerts exclusivement live. Une semaine après la clôture des activités, nous avons rencontré, le 3 novembre 2022 à Ouagadougou, M. Zabsonré, le promoteur de « Kaïros » pour des échanges portant sur ce nouveau cadre qui réunit des musiciens instrumentistes et des fidèles chrétiens.
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Kulture Kibaré : Votre festival a pour dénomination « Kaïros ». Que signifie ce terme ?
Samuel Zabsonré : Kaïros signifie le temps. Quand on a, en projet quelque chose, il ne faut pas attendre demain. Il faut le faire maintenant. Kaïros veut dire, élève ta voix pour Dieu, élève ta voix pour la paix, élève ta voix pour tout ce que tu penses que c’est positif.
K.K : Quelles sont les principales raisons de l’initiative « Kaïros » ?
S.Z : D’abord, je suis un artiste musicien et j’ai beaucoup voyagé. J’ai fait pas mal de rencontres avec des musiciens dans des écoles de jazz, au conservatoire, etc. Je me suis alors dit, pourquoi ne pas organiser un festival spécialement chrétien et deuxièmement pour les instrumentistes ? Parce que quand tu remarques au Burkina Faso, ici, la plupart des instrumentistes sont des chrétiens. Je voulais les réunir autour des concerts. L’idée, c’est vraiment de créer ce cadre pour les instrumentistes en vue d’être professionnels dans tout ce que nous faisons. Nous jouons beaucoup avec les artistes, mais il nous manque encore de professionnalisme. Si on est uni, on peut faire beaucoup de choses. La vision aussi de Kaïros, c’est vraiment de faire voyager nos instrumentistes.
K.K : Dites-nous la véritable finalité de votre festival ?
S.Z : Notre finalité est d’arriver à regrouper les instrumentistes.
K.K : La toute première édition a eu lieu en 2021. Quel bilan dressez-vous ?
S.Z : La première édition fut un succès. En termes de mobilisation du public, on n’avait pas moins de 100 personnes par jour pour les concerts. Si vous faites la sommation durant les trois jours, il faut se dire que pour un début, c’est positif, en tout cas, pour nous.
K.K : Quel est l’impact perceptible de votre activité dans la communauté chrétienne ?
S.Z : Juste après le festival, j’ai eu beaucoup d’appels de mes collègues instrumentistes. Ils m’ont encouragé en me disant que c’est une bonne idée, de maintenir la flamme sans l’éteindre, de persévérer avec Kaïros, parce qu’il a sa place au Burkina Faso, etc. L’écho immédiat est déjà positif. Nous sommes à nos premiers pas, je pense que l’impact perceptible se ressentira dans les années à venir, parce qu’on ne peut pas commencer et puis s’attendre à un miracle tout de suite.
K.K : La deuxième édition s’est déroulée du 27 au 29 octobre 2022. Quelle était sa particularité?
S.Z : Quand je suis rentré de ma tournée européenne et brésilienne, je n’ai pas arrêté de travailler avec mes collègues musiciens. J’ai commencé à travailler avec des bassistes, ensuite les batteurs, puis les guitaristes, etc. J’ai rencontré chaque section. Après, on a fait la mise en place avec tout le monde. J’ai pu composer deux musiques. La particularité de cette deuxième édition, c’est que nous avons pu regrouper 16 musiciens pour jouer en même temps sur scène.
K.K : Malgré un contexte difficile marqué par l’absence du sponsoring, comment avez-vous pu mobiliser les ressources pour réussir l’organisation de Kaïros 2022 ?
S.Z : Bon nombre de personnes me disaient de reporter parce qu’il n’y pas d’argent. Moi, je compte sur Dieu, je ne compte pas sur quelqu’un. Cependant, j’ai eu des amis de bonnes volontés qui m’ont soutenu. Il faut se l’avouer, ce n’était vraiment pas facile. J’ai eu concrètement un accompagnement du BBDA (ndlr Bureau burkinabè du droit d’auteur) qui ne dépassait pas 300 000 Fcfa. J’ai eu vraiment des amis qui m’ont aidé. Je leur réitère mes remerciements.
K.K : Nous avons tous été témoins du report de plusieurs activités culturelles en octobre 2022, à cause donc de l’instabilité politique au Burkina Faso. Pourquoi n’avez-vous pas fait autant avec « Kaïros » ?
S.Z : Si je n’ai pas reporté, c’est parce que nous sommes dans le privé, nous comptons sur nos propres fonds. Beaucoup m’ont dit, effectivement, de reporter parce que la plupart des évènements sont reportés. J’ai répondu que j’aillais tenir le mien vaille que vaille même si c’est avec une seule personne. Vous savez que j’avais fait une première édition. Si je sautais la deuxième édition, il allait avoir une sorte de manque de sérieux dans mon engagement. Pour garder la flamme, il fallait que je fonce tête baissée.
K.K : En tant que promoteur, quels ont été les pires et les meilleurs moments de « Kaïros » 2022 ?
S.Z : Je prends tout dans la positivité. Je minimise les ratés, les regrets. Ce que j’ai un peu déploré, c’est l’absence du sponsoring. Il va falloir, de mon avis que les institutions s’engagent dans l’accompagnement des festivals et/ou musiques chrétiens. Je voulais, au moins prendre en charge les musiciens qui veinaient jouer à Kaïros. A dire vrai, ils ne me demandent pas un cachet, mais je suis gêné en tant qu’instrumentiste professionnel aussi. C’est vrai, j’ai géré certains, mais il y a des efforts à faire à mon niveau. Vous voyez que c’est parce qu’il y a un manque de sponsors que nous n’arrivons pas à gérer les musiciens comme il se doit.
K.K : Quelles sont les perspectives avec Kaïros ?
S.Z : Nous avons déjà une collaboration avec l’ambassade d’Italie et l’ambassade de Brésil au Burkina Faso. Nous projetons de faire venir des Brésiliens dans le cadre de Kaïros pour un partage d’expérience à travers des formations. Aussi, il n’est pas exclu d’organiser un jour Kaïros en Italie. Ce n’est pas mal pour un festival naissant.
Propos recueillis par Ram OUEDRAOGO
Kulture Kibaré
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