Prolifération de festivals au Burkina Faso : Une pagaille généralisée
Le Burkina Faso fourmille, depuis plusieurs années, des manifestations culturelles en tout genre et aux thématiques variées. Aux quatre coins du pays, l’on retrouve des évènements festifs d’envergure nationale ou locale. Malheureusement, si certains de ces rendez-vous culturels, couramment appelés festivals pour la plupart, sont parvenus à s’enraciner sur l’échiquier culturel, d’autres vivotent ou ont carrément mis la clé sous le paillasson.
Mus par le désir de faire fortune et surtout par mimétisme, la plupart des promoteurs de festival surtout, ne présentent pas de projets pertinents à même d’apporter une plus-value à la culture burkinabè. L’on compte plus sur les retombées de la rue marchande (bières, brochettes, etc.). Mais, c’est cette connotation erronée du terme festival qui nous met mal à l’aise.
La prolifération anarchique des festivals crée de plus en plus de la confusion et de l’amalgame. Lire aussi : https://kulturekibare.com/2021/02/22/floraison-des-festivals-au-burkina-faso-mettre-vite-fin-au-desordre-organise/
Certains festivals qui ne répondent ni la forme ni le fond nous amène donc à nous interroger sur la définition du festival.
Qu’est-ce qu’un festival ? Selon notre Larousse, un festival est « une série périodique de manifestations artistiques appartenant à un genre donné et se déroulant habituellement dans un endroit précis ». En consultant wikipédia, le festival se révèle être « une manifestation à caractère festif, organisée à époque fixe et récurrente annuellement autour d’une activité liée au spectacle, aux arts, aux loisirs, d’une durée d’un ou plusieurs jours ». Cependant cette définition est loin de rendre compte de la réalité sur la diversité et la complexité du phénomène des festivals au pays des Hommes intègres.
Luc Benito dans son ouvrage « Les festivals en France : Marchés-enjeux et alchimie » a défini le festival « comme une forme de fête unique, célébration publique d’un genre artistique dans un espace-temps réduit ».
L’évidence de représentation artistique en ressort tout temps. Et pour nous, on ne peut pas évoquer le terme « festival » sans convoquer un genre artistique donné qu’on met en exergue. Exemple : festival de cinéma, festival de musique, festival d’humour, festival dramatique, etc. Il y a toujours un art en phare. Partant de ces différentes perceptions ou lectures, avons-nous vraiment affaire à des festivals dans ce tohu-bohu ?
Nos manifestations culturelles festives ont alors de notre humble avis, une exagération du mot « festival ». La promotion des boissons et des produits brandés d’un partenaire avec en toile de fond une aire d’animation musicale et de jeu, n’est pas un festival. Une foire ou une kermesse s’accepte mieux dans l’appellation. Car dans le festival le principal projecteur est le spectacle et les autres loisirs y gravitent.
Qu’on se le tienne pour dit, bon nombre de manifestations nationales et locales au Burkina Faso, sont simplement des kermesses grand format.
Les festivals, les vrais sont une belle vitrine de promotion des arts, un cadre d’expression des artistes. Perçu et compris de cette manière, nous ne pouvons qu’encourager le sponsoring et le mécénat pour les pérenniser. A défaut, il faut combattre les usurpateurs avec leur sale agenda.
Il serait judicieux de redoubler d’effort dans la procédure de création de festival au Burkina Faso à travers, par exemple, la mise sur pied d’un « Observatoire des festivals ». Cet organe aura naturellement pour mission de mettre de l’ordre dans cette pagaille généralisée.
La Rédaction