Problématique de la musique burkinabè : Des recommandations pertinentes à la poubelle
La musique burkinabè, d’une observation empirique, ne s’impose pas véritablement sur une bonne partie du continent africain. C’est un fait. Les faiblesses et les menaces sont pourtant connues. Des colloques aux ateliers en passant par d’autres cadres de rencontre et d’échange, les protagonistes déplorent une panoplie de maux qui minent la filière. La musique urbaine burkinabè est décolorée et dénaturée depuis l’avènement des Musiques assistées par ordinateur (MAO). Toutes les œuvres discographiques qui connaissent en ce moment le succès miment des sonorités d’ailleurs?
Les uns indexent une pléthore d’arrangeurs non qualifiés et sans une culture musicale appropriée. Ceux-ci, d’ailleurs en vogue, alimentent la scène musicale nationale par du déjà-vu ou du déjà-entendu. De plus en plus, le mimétisme musical s’impose dans cette génération musicale au détriment d’une musique identitaire burkinabè. Nos « stars » locales plagient, chantent comme des Nigérians, des Ivoiriens, des Afro-français, etc. et sans effort. Elles sont si bien applaudies par une racaille de pseudo journalistes culturels qui ne diffusent que sur Facebook. Lors de l’atelier national de réflexion sur « la diffusion et la promotion de la musique burkinabè » en décembre 2018 à Ouagadougou, il était clairement mentionné dans les faiblesses et les menaces de la production musicale au Faso, le manque de journalistes bien formés et imprégnés des réalités de la musique burkinabè. Ils (journalistes et animateurs) s’emparent avec la bénédiction des producteurs, managers, promoteurs culturels, etc. des médias et encouragent une catégorie de musique médiocre dépourvue de toute saveur des sonorités du terroir.
Les faiblesses de la musique burkinabè faisaient également cas de l’absence d’une culture musicale dans les établissements ? Il faut selon les avis imposer l’enseignement musical dans le programme scolaire.
Les diagnostics, les faiblesses, les menaces étant posés, des recommandations pertinentes ont été faites pour sortir des sentiers battus. Les experts, les journalistes, les professionnels et autres acteurs avisés du domaine musical, ont à l’unanimité, décrié le manque d’une réelle volonté politique, l’absence des infrastructures et des équipements nécessaires pour une formation qualifiée. La création d’un conservatoire ou une école des beaux-arts est proposée, la prise en compte de l’enseignement musical dans le cursus scolaire aussi. Parce que, cela pourrait promouvoir une nouvelle génération d’artistes compétitifs, des journalistes critiques d’art aguerris et surtout des mélomanes plus avertis, donc exigeants. En tout cas, ces recommandations, quatre ans après dorment dans les tiroirs, et peut-être même à la poubelle.
Le conseiller technique du ministre de la culture, Dramane Konaté avait promis, à cette époque, de veiller à ce que les conclusions de l’atelier sur « la diffusion et la promotion de la musique burkinabè » soient entre de bonnes mains. Nous attendons toujours ce ferme engagement du politique.
La Rédaction