FESPACO : Une nouvelle mentalité s’impose
L’ouverture officielle du Festival Panafricain du Cinéma et de la Télévision de Ouagadougou (FESPACO) a eu lieu le samedi 16 octobre 2021 au Palais des Sports de Ouaga 2000. Une semaine durant, des milliers de festivaliers, des professionnels (producteurs, réalisateurs, distributeurs, acteurs, etc.) du Burkina Faso et des quatre coins du monde vont donc communier autour des festivités de cette biennale du cinéma africain et du Marché International de la TV et Cinéma Africains (MICA).
Malheureusement, quelques semaines auparavant, les préparatifs de ce FESPACO ont été émaillés de quelques couacs organisationnels. La ministre de la Culture, des Arts et du Tourisme (MCAT) semblait ne pas approuver le budget de 85 millions FCFA que demandait le chorégraphe et metteur en scène des spectacles d’ouverture et de clôture. Cela a créé une vive polémique, et la Présidence du Faso, raisonnable, a tranché en faveur de Serge Aimé Coulibaly, d’assurer le show d’ouverture/clôture comme il se doit.
Les Burkinabè ont tous assisté à l’incident qui, heureusement a été réglé à temps. Cette polémique est indigne d’un festival de l’envergure du FESPACO. La biennale du 7e art africain appartient à l’Afrique. C’est pourquoi, l’intérêt du continent doit absolument primer sur les intérêts égoïstes ou d’un calcul politique. Avant donc, plaise à Dieu, le FESPACO 2023, les deux prochaines années doivent servir à une introspection et à une remise en cause de tous les acteurs notamment la Délégation générale du FESPACO et le ministère de la Culture, des Arts et du Tourisme (MCAT).
Que faire ? comme le soulignait si bien Feu Norbert Zongo. Cette question doit occuper, voire hanter les esprits avec à la clé, cette autre interrogation : « Quel FESPACO voulons-nous léguer aux générations futures de Burkinabè et d’Africains ? ».
Disons-le tout net, outre l’actuel siège du FESPACO qui est aux antipodes d’un festival qui se veut panafricain et international, l’Union Africaine et les autres États africains devraient logiquement contribuer à financer la biennale. Parce que la volonté d’institutionnaliser ce festival panafricain part aussi de cette intention de promouvoir non pas le cinéma burkinabè mais de l’Afrique toute entière et de sa diaspora. Pourquoi donc le pays des Hommes intègres, finance pratiquement en partie cette fête dite panafricaine avec son budget national ? Le temps est venu d’avoir de nouveaux regards, de nouveaux défis, donc une nouvelle mentalité.
C’est pourquoi, il faut que l’organisation des prochains FESPACO quitte la dimension nationale et impose une implication organisationnelle au niveau continental. C’est-à-dire, faire de telle sorte que certains pays africains soient d’office co-organisateurs du FESPACO tant sur le plan financier que sur le plan matériel. Expérimentons-le peut-être pour voir les enjeux. C’est aussi ça, les nouveaux regards. Sinon, laisser la chose entre les mains de fonctionnaires locaux, c’est refuser cette nouvelle vision ou ce nouveau défi. Tant que le FESPACO restera essentiellement politique, nous avancerons à reculons.
La Rédaction