FESPACO : Haro sur les salles de projections
La 27e édition du Festival Panafricain du Cinéma et de la Télévision de Ouagadougou (FESPACO) se tiendra du 16 au 23 octobre 2021 dans la capitale burkinabè. A cette occasion, la ministre en charge de la culture, Dr Élise Foniyama Ilboudo, a fait le tour de quelques salles de projection retenues pour la grande messe du 7e art africain. Il s’agit du Ciné Neerwaya, du Grand et petit Méliès, de Canal Olympia, etc.
Si cette initiative de visite des salles obscures est à saluer, il n’en demeure pas moins qu’un triste constat s’en dégage. Pour une « Capitale du cinéma africain », il est inadmissible, voire inacceptable de ne posséder que quelques salles de ciné dans la capitale. A part le Ciné Burkina, le Ciné Neerwaya, la salle du CENASA, notre pays peine en disposer sérieusement. Et comme nous le savons bien, les salles Canal Olympia et les salles du Méliès (Institut Français) ne sont pas les propriétés de l’État burkinabè comme certaines salles légèrement citées en haut.
Comment pouvons-nous alors revendiquer l’appellation « Capitale du cinéma africain » dans ces conditions où nous n’avons pas de salles à nous-mêmes et en quantité suffisante ? Persister à maintenir le FESPACO dans cette situation déconcertante, c’est refuser délibérément de développer un véritable marché de cinéma à partir de Ouagadougou.
A défaut d’une remise en cause ou d’une refondation profonde, il serait judicieux d’envisager à présent l’organisation tournante du FESPACO. Il n’y a aucun complexe à cela. Il ne s’agit pas de pessimisme, mais plutôt de réalisme.
Le FESPACO devient de la comédie au sens propre du terme. Et ce n’est pas du tout reluisant.
La désolation est encore plus perceptible quand on regarde le siège abritant le FESPACO. Ce site n’est pas du tout un cadre enchanteur d’un tel évènement d’envergure panafricaine. Si l’espace est infesté de génies (un phénomène irrationnel), rien n’empêche que l’on délocalise tout simplement le siège.
Nous manquons cruellement et sérieusement d’engagement franc, non seulement en ce qui concerne la construction de salles de projection mais également d’un siège ultra moderne. L’État burkinabè n’a-t-il pas les moyens financiers d’y remédier ? Et les partenaires alors ?
« Nouveaux regards, nouveaux défis », tel est le thème de la 27e édition. Il ne doit pas être un slogan creux et vide de sens. Ce leitmotiv de la présente doit sonner fort et amorcer dans les faits, les chantiers d’un nouveau regard, donc d’une grande refondation. L’heure est au changement et l’actuel Délégué général, Alex Moussa Sawadogo, visiblement dynamique depuis sa prise de fonction, a les clés en main. Qu’on lui donne toute la latitude, et les moyens nécessaires d’y parvenir.
L’erreur est humaine, dit-on, mais persister dans l’erreur est diabolique. Le FESPACO a besoin d’un nouveau souffle. Et cela commence par la multiplication de salles de projection en quantité suffisante et la construction d’un siège digne de la réputation de cette biennale, pour les prochaines années.
La Rédaction