« Le Musée de Médée Kali » : Une classique de la mythologie grecque remémorée au Burkina Faso
L’espace culturel Gambidi à Ouagadougou, a accueilli la première étape du travail sur le spectacle « Le Musée de Médée Kali ». Il s’est agi d’une présentation de fin de création avec un public restreint et ciblé en vue de recueillir les remarques et suggestions des pairs pour améliorer la pièce avant sa diffusion officielle, le 2 octobre 2021 à l’Institut Français de Bobo-Dioulasso.
« Le Musée de Médée Kali » est une adaptation du texte « Médée Kali » de l’auteur français, Laurent Gaudé. Dans la mise en scène de l’auteur-comédienne-metteuse en scène burkinabè, Lionelle Edoxi Gnoula, l’histoire bien qu’elle reste originale et épique indexe un cas similaire en terre africaine. Connue des adeptes du théâtre classique et contemporain, « Médée Kali » est une tragédie soutenue par un texte violent et poétique.
Le personnage mythique « Médée Kali » est selon Edoxi, « une femme qui est expulsée de son pays parce qu’elle ne partage pas la même nationalité que son homme bien qu’ils aient des enfants. Son rejet l’amène à se révolter et s’en suit une longue traversée du désert. Elle tue son mari, l’amante de son mari et ses propres enfants ». Si pour Edoxi, l’auteur du texte « Médée Kali » s’est inspiré de la déesse Kali (une princesse Hindou), elle, sa vison dans cette nouvelle adaptation est de transposer l’histoire dans une certaine mythologie africaine. « En reprenant ce texte, je me suis posée maintes questions. C’est quand même un texte français qui vient d’une mythologie grecque, disons une histoire assez ancienne. Médée Kali a été aussi joué plusieurs fois. Je me suis alors dit qu’il faut que je retrouve Médée Kali en Afrique et donc au Burkina Faso », a confié celle-ci.
Dans cette pièce de théâtre, Edoxi essaie alors de s’adapter, de trouver les rouages et d’asseoir un fait similaire à la déesse Kali tout en restant dans le texte original. « Dans nos villages, nous avons nos grands-mères qui sont souvent chassées des cases parce qu’elles sont accusées de sorcellerie. Elles sont parfois rejetées par leur mari et leurs propres enfants », a-t-elle constaté.
Dans l’adaptation du texte de Laurent Gaudé, Edoxi est rigoureuse sur le choix du personnage. Elle mise la carte Halima Nikièma, une comédienne burkinabè très rompue aux arcanes des pièces tragiques. D’ailleurs, cette dernière est une adepte de Laurent Gaudé. Dans « Le Musée de Médée Kali », Halima dans une seule en scène emporte les spectateurs dans son amertume, ses sentiments amoureux, son imaginaire, etc.
Elle ne se contente pas de déclamer le texte comme dans un théâtre français. Elle hausse le ton, rappe, chante, danse sur un rythme bien cadencé et exécuté musicalement par Hamidou Bantagnon dit Ledoux (clavier) et Marcel Balboné dit Balboss (percussion). Son personnage est expressif, violent, charmeur, émotif si bien qu’il arrive à aguicher le public convié.
« Le Musée de Médée Kali » est annoncé officiellement le 2 octobre 2021 à l’Institut Français de Bobo-Dioulasso. Après cette première étape du travail, Lionelle Edoxi Gnoula, Halima Nikièma et toute l’équipe de création attendent les suggestions et autres remarques pour peaufiner la pièce avant sa diffusion. Elles pourront compter sans doute sur Ildevert Meda (Maestro), Paul Zoungrana, Mamadou Tindano, Claude Guingané, son « Excellence » Gérard Ouédraogo, Laure Guiré … qui se sont montrés disponibles pendant la restitution. Maestro, pour sa part dit être déjà bluffé par la prestance de Halima Nikièma et la complicité des deux musiciens.
Malick SAAGA
Kulture Kibaré