Burkina Faso : De la concurrence libertine dans les concours de miss
Les concours de beauté n’ont jamais fait l’unanimité au pays des Hommes intègres. Depuis des années, les élections miss ont toujours fait l’objet de critique d’une bonne partie de l’opinion. D’aucuns pensent qu’il s’agit d’entreprises exhibitionnistes qui, de plus en plus, contribuent à caricaturer de la façon la plus vile, la beauté féminine burkinabè voire africaine.
D’un point de vue anthropologique, ces élections miss qui ont pignon sur rue au Burkina Faso ne répondent pas sérieusement ni à la promotion positive ni à la valorisation de la femme intègre. Les symboliques dans nos diversités culturelles ne sont pas celles de la civilisation occidentale, américaine ou asiatique. Chaque société repose sur une culture et toute culture renferme bien évidemment des codes à la fois esthétiques et éthiques. Malheureusement, la civilisation de l’autre, la plus dominatrice, s’exprime mieux chez nous, les « barbares ».
Pourtant, ces types d’initiatives continuent d’exister. Miss Burkina, Miss université, Miss Etalon, Miss ronde, pour ne citer que ces concours ont tous le même dénominateur commun sans pour autant convaincre de l’impact perceptible de leurs entreprises sur la femme burkinabè.
Il ne s’agit pas ici, d’un procès d’une quelconque élection miss, mais d’une attente qui s’est avérée au fil du temps, en deçà des valeurs socioculturelles que présentent nos communautés. Nos concours de beauté féminine sont entachés de clichés et de pesanteurs sociales qui méritent un recadrage au plus haut niveau de l’élite politique. D’hommage que la culture soit un laisser pour compte. Dommage que les parents ne veillent plus à l’inculcation des valeurs d’antan à leur progéniture. D’hommage que la civilisation étrangère exerce son pouvoir de coercition sur ce Faso « intègre » nouveau.
Mais quand la pluie nous bat devons-nous en faire autant nous-même ? Les initiatives sur la promotion et la valorisation de la gent féminine ne tarissent point. Rien qu’hier, moins d’un mois, la structure Belisse Event de la jeune étudiante, Rose Armelle Nikièma, a annoncé à travers une conférence de presse, le 19 novembre 2020, son évènementiel, Miss Yennenga, première édition. Il s’agit d’un concours de miss qui vise à magnifier la femme et le pagne tissé, Faso Dan Fani. Elle est prévue se tenir le 5 mars 2021 à l’Hôtel Laïco.
Tenez-vous bien qu’une autre promotrice du nom, Hada Nana, a également organisé une conférence, le 4 décembre dernier pour lancer son évènement à la même date, c’est-à-dire le 5 mars 2021, la première édition de Miss Earth Burkina. Son intention, à l’en croire, est de mettre en avant « l’intellect et le leadership de la femme burkinabè ». Comme vous le constatez, c’est deux concours de miss d’écuries différentes dans la même soirée.
De prime abord, il est à relever que le rouage n’est aucunement organisé, encore moins structuré. Les acteurs du domaine ne communiquent-ils pas ou s’agirait-il d’une concurrence libertine dans un esprit belliqueux ? Cette attitude nous replonge dans le paysage humoristique 2019 où la femme d’affaire du showbiz local, Augusta Palenfo et l’humoriste Philo Nanema étaient à couteaux tirés pour une activité similaire qui se tenait la même soirée.
Rose Armelle Nikièma (Miss Yennenga) et Hada Nana (Miss Earth Burkina) ne se connaissent-elles pas ? Pourquoi une telle situation déconcertante ? Qui cherche à saboter l’évènement de l’autre ? Il aurait été sage, intelligent, intelligible et ingénieux de travailler pourtant à rehausser l’image de la femme burkinabè voire africaine dans une synergie d’actions et dans un esprit apaisé. Quelles qu’en soient les raisons, la promotrice de Miss Earth Burkina devrait faire preuve de fair-play en accompagnant sa consœur promotrice R. Armelle Nikièma avant de se focaliser sur son évènement. C’est vraiment d’hommage !
Au regard de ces faits, n’y a-t-il pas lieu de se l’avouer que le pire reste à venir dans ce rouage? En tout cas que la plus sage reporte son évènement car rien ne sert de tenir deux élections miss et dans la même soirée et dans la même ville.
La Rédaction