« The Roch Label » : KPG, Grand Docteur, Océan … ne franchissez pas le Rubicon
Les élections couplées présidentielle et législatives s’annoncent en grande pompe au Burkina Faso. C’est le 22 novembre 2020. Les politiciens se mettent en ordre de bataille. Objectif : mobiliser les militants pour un fauteuil à Kosyam et des sièges à l’Hémicycle. Les campagnes électorales devront s’ouvrir officiellement le 31 octobre, jusqu’au 20 novembre 2020 (Conseil des ministres du 14 octobre 2020). Mais dans les faits, elles sont déjà dévoilées. Dans l’un ou l’autre bord politique, des partisans, des activistes déguisés, des leaders d’opinions, des influenceurs de la société civile, jouent la carte de la propagande notamment sur les réseaux sociaux.
Le plus extravagant, c’est le regrettable affichage de certains artistes dits engagés, aperçus en prestation pendant ces mobilisations politiques déguisées.
Le regroupement de « The Roch Label », étape de Bobo-Dioulasso, avec à sa tête, le coordonnateur du mouvement, Harouna Kaboré dit HK, actuel ministre du Commerce, de l’Industrie et de l’Artisanat (MCIA), en est une parfaite triste illustration. Le ministre des commerçants, le plus chéri du moment par les acteurs culturels burkinabè, joue bien sa partition pour la reconduite du Président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré. D’ailleurs, HK ne le cache aucunement dans les actes. Sa démarche n’est pourtant pas différente de la FEDAP-BC, cet autre mouvement d’autrefois, qui œuvrait à maintenir bec et ongles, Blaise Compaoré au pouvoir. Nous ne doutons pas que cette initiative « The Roch Label » soit donc une FEDAP-BC, dans l’actuel régime Kaboré.
Pour nous, point d’illégitime. HK, jeune, dynamique et très stratège pose ses propres jalons pour une aventure politique. Il a su faire son entrée en choisissant le terrain culturel et artistique, très propice pour se faire une réputation, un nom, un investissement. Car dans ce rouage, il y a plus de fanfarons, plus de larbins. Une stratégie qui s’est révélée clémente. Puisque, le leader de « The Roch Label », a aujourd’hui, une bonne cote de popularité dans le show-business. Il y est presque.
L’embarras ici, n’est pas du tout HK. Mais ces artistes dits engagés qui suivent le pas en s’affichant derrière « The Roch Label ».
KPG, Grand Docteur, Océan Sawadogo, entre autres, ont-ils conscience du poids de leur engagement à changer les imaginaires de façon impartiale? « The Roch Label », ce réseau qui s’évertue à mobiliser, dans une propagande criarde les Burkinabè en faveur d’un seul candidat, c’est-à-dire Roch, n’est-il pas un terrain glissant pour des artistes dits engagés, qui portent la voix des sans voix?
Ces trois artistes ont-ils vraiment besoin de s’y étaler ? Quel message envoient-ils à leurs fans en s’affichant avec « The Roch Label » à Bobo-Dioulasso ? Déontologique ou pas, chacun pourra interpréter.
Mais, au regard de l’engagement de ces trois artistes mentionnés, leur comportement semble être aux antipodes de leur idéal. Parce que KPG, Grand Docteur, Océan ne sont pas des artistes de bars et autres crooners de galerie. Ce sont des artistes qui ont une lutte à mener et qui œuvrent à l’éveil des mentalités. Derrière leur lutte, il y a des gens qui croient en eux et qui ne partagent pas en ce moment leur attitude politique affichée. C’est pourquoi un artiste ne doit pas brandir son bord politique publiquement. Nous ne sommes pas aux USA. Dommage que la politique de HK soit plus puissante que leurs convictions. Mais il faut rappeler que des artistes ont été déchus après la chute du régime Compaoré. La politique est triomphalement temporelle mais l’artiste doit et demeure intemporel.
Derrière « The Roch Label », on aperçoit des journalistes faméliques, des communicateurs culturels babillards, des activistes pantins, des promoteurs et entrepreneurs culturels sournois et lamentablement des artistes renégats. KPG, Grand Docteur et Océan pour ce qu’on sait de leur combat, devraient se démarquer. L’amitié avec le ministre ne doit pas prendre le pas sur le professionnalisme et la conviction artistique.
En tout cas, il n’est pas tard de revenir sur ses pas. Sinon franchir le Rubicon, c’est aussi accepter dans ce contexte précis, d’être l’instrument d’une machine politique. Alors, KPG, Grand Docteur, Océan Sawadogo, démarquez-vous !
La Rédaction