Paul Zoungrana, artiste-chercheur en théâtre : « Je veux amener la dimension scientifique de la recherche dans le milieu artistique »
Paul Pingdewindé Zoungrana est un comédien, metteur en scène, conteur et auteur burkinabè. C’est un visage connu des scènes du Burkina Faso et des scènes nationales de théâtre européennes. Mieux apprécié à l’étranger, cet homme de culture nourrit pourtant de grandes ambitions pour son pays. Son engagement aujourd’hui, ce qu’il qualifie de « rêve de vie », est d’arriver à donner un sens au théâtre burkinabè. « Je veux amener la dimension scientifique de la recherche dans le milieu artistique ». Fondateur de l’Institut de Recherche Théâtrale du Burkina (IRTB), l’artiste espère bien avec son établissement asseoir un nouveau paradigme où l’artiste-praticien questionne son environnement, trouve ses solutions à ses problèmes tout en suivant un raisonnement scientifique. Faire de l’artiste, un chercheur avec ses propres outils de recherche, c’est ce à quoi Paul se livre bataille. Actuellement, président de la Fédération nationale du théâtre au Burkina (FENATHEB), nous l’avons rencontré, le 22 août 2020, à Ouagadougou dans le nouveau siège en aménagement de Kulture Kibaré, pour un entretien non seulement sur ses projets mais aussi sur le théâtre au Burkina Faso. Ex-membre du comité artistique du Carrefour international du théâtre de Ouagadougou (CITO), il s’est également prononcé sur ses actions et engagements au cours de son mandat.
Kulture Kibaré : Quelle est votre définition du théâtre ?
Paul Zoungrana : Il y a plusieurs définitions du théâtre. Pour moi, le théâtre, c’est la représentation de la vie. C’est donner à voir ce qui se passe dans la vie réelle de telle sorte à toucher du doigt les grandes problématiques pour amener une réflexion, susciter un solutionnement collectif avec les populations. Ce qui fait que le théâtre n’a que son accomplissement que dans la représentation, que quand il est vu par quelqu’un d’autre.
Kulture Kibaré : Les origines du théâtre au Burkina Faso remontent à quelle période selon vous ?
Paul Zoungrana : La question du théâtre au Burkina Faso est vieille. Elle est même plus vieille que ce qu’on croit. Malheureusement, l’erreur qu’on commet souvent est qu’on s’attaque au théâtre tel que nous le pratiquons aujourd’hui, qui est un héritage colonial. A ce moment, on le remonterait à cette période coloniale post-1950, avec les William Ponty jusqu’aux Lompolo Koné, etc. C’est un héritage de ce théâtre-là. Mais je pense que d’une façon générale, des théâtralités ont existé bien avant. Et beaucoup plus longtemps, avec l’apparition des premiers Hommes sur cette terre, la question théâtrale nait en même temps avec les premiers Hommes, avec la question de l’art, réellement, la question des peintures, des gravures, etc. Comme les gens essayaient de représenter ce qu’ils pensent, leur conception à travers d’autres formes artistiques, on pouvait assister déjà à une forme théâtrale. Ce qui fait qu’il n’y avait pas mal de théâtralité. Si vous prenez notre cas au Burkina Faso, le mot comédien existe en mooré. Cela veut dire que ce n’est pas nouveau aux gens. Comment on fait le rakiiré (parenté à plaisanterie) pendant les funérailles ? C’est une forme théâtrale où les gens interprètent le mort. Ce n’est pas quelque chose qu’on a appris de l’occident qui date de 1950 ou il y a cent ans. Donc, c’est plus vieux et c’est beaucoup antérieur. La danse dodo par exemple est une forme de théâtralité ; le conte en soi, dans comment il se définit, il est d’abord du théâtre. Aujourd’hui, pour professionnaliser, on en fait des branches, mais tout cela fait partie du théâtre de l’Afrique qui est un théâtre complet, qui n’est pas que des paroles, qui allie à la fois parole, geste, mouvement, musique, danse, sonorité, etc. L’histoire de notre théâtre, il est beaucoup antérieur. Mais le théâtre occidental tel qu’on pratique peut être remonté à cent ans. On peut le situer de 1919, depuis notre constitution en tant qu’Etat jusqu’aujourd’hui, cent ans déjà. Je crois que depuis cette époque, il y avait ces formes de théâtre occidentales qui venaient ici, qui, au fil du temps vont être appropriées par les Burkinabè qui vont les développer et en faire d’autres styles de théâtre, d’autres façons de jouer.
Kulture Kibaré : Vous vous êtes fait une réputation dans le théâtre tant au niveau national qu’international. Dites-nous de quelle école de théâtre êtes-vous ?
Paul Zoungrana : C’est une très grande question, cette question d’école, parce qu’elle est essentielle, puisqu’il faut apprendre. Il faut apprendre de quelque part et moi j’ai la chance d’apprendre de beaucoup d’endroit. Ce qui fait qu’il m’est très difficile de dire ou de citer une école particulière. Parce que, j’ai eu la chance à mes débuts d’être dans une toute petite compagnie qui s’appelait, la Compagnie Tallar liiri et qui n’avait pas beaucoup de productions alors qu’on était beaucoup de comédiens. J’étais un artiste qu’on prêtait à d’autres structures quand elles avaient besoin de comédiens. Cela m’a donné l’occasion de rencontrer beaucoup de maîtres, de metteurs en scène à cette époque. Du coup, j’ai été formé par Prospère Kompaoré, qui en soi peut être une école ; j’ai été formé par Jean Pierre Guingané, qui en soi peut être une école ; j’ai été formé par Amadou Bourou ; j’ai eu l’occasion de travailler avec la compagnie Marbayassa. Dans le paysage burkinabè, je suis passé par presque toutes les compagnies. Aussi, j’ai fait beaucoup de stages et d’ateliers de formation avec des metteurs en scène occidentaux, africains, etc. En plus, j’ai eu la chance de faire une étude d’art dramatique à l’université pour un peu aiguiser mes connaissances théoriques en la matière. C’est tout un tout, et avec maintenant le fait de pratiquer, on bénéficie d’un héritage de toutes ces personnes qui constituent la sorte d’école dont je suis issu et dont je suis fier, parce que c’est une école où tu prends le meilleur de chacun. Je ne suis pas resté dans un lieu. J’ai eu la chance de voir beaucoup de façon de faire du théâtre, de diriger, de mettre en scène, et j’ai eu le temps de choisir ce que j’ai envie de faire, de voir où je veux aller. C’est cela qui me constitue réellement aujourd’hui.
CITO
Kulture Kibaré : A partir de 2008, vous intervenez dans le deuxième comité artistique du CITO, avec Charles Wattara et Mahamadou Tindano en remplacement au premier trio que sont Issaka Sawadogo, Ildevert Medah et Alain Hema. Quels étaient vos engagements et les actions que vous avez menées ?
Paul Zoungrana : Je suis arrivé au CITO effectivement en 2008. Il faut rappeler que ce lieu est aussi un apprentissage. Etre artiste est une chose et participer à un comité artistique, c’est une responsabilité de direction artistique. C’est-à-dire que notre travail consistait à concevoir des projets du théâtre pour la maison, à concevoir les créations, les principes de formation. On avait tout cela à notre charge. Et souvent dans des dynamiques où il n’y pas d’argent, où il y a des difficultés financières, il faut trouver des solutions à la fois artistiques et tout ce qui va avec, pour pallier à beaucoup de problèmes. C’est une grande école et je remercie d’ailleurs les collègues de l’époque qui nous ont bien accompagnés, car ce n’était pas évident. Ce deuxième comité artistique est arrivé à un moment où il n’y avait pas beaucoup d’argent au CITO. Parce que, à la première étape, il y avait le financement de la NORAD. Nous sommes arrivés quand ce financement était fini. Donc, il fallait aller vers une nouvelle dynamique et notre priorité, c’était de continuer à fidéliser un public de théâtre. Aujourd’hui, on est fier parce que, quand vous arrivez au CITO, c’est plein. Cela s’est fait parce que, c’est une continuité du premier travail. C’est dire que ça obéît à des règles de travail. On a repensé la question de la formation, parce qu’on pense qu’un artiste ne doit pas être formé rien que pour faire du théâtre, il faut lui donner et de la musique, et de la danse. Il faut le former dans un tout. A partir de cette époque, la formation au niveau des acteurs, les modules ont été repensés par ce deuxième comité, mais toujours en s’appuyant sur ce que les aînés ont fait pour toujours aller plus loin. On a essayé d’apporter des initiatives, des innovations pour le théâtre burkinabè, pour le jeune public. On constate souvent qu’on fait du théâtre et on ne tient pas compte de la petite enfance alors qu’il faut commencer à former à la base. Avec donc ce deuxième comité artistique, on a apporté du jeune public, le mono théâtre, parce que personne ne faisait réellement du monologue au Burkina Faso. Nous avons voulu que le Burkinabè sache que c’est un genre qui mérite d’être connu, qui a de la valeur et qui montre la dextérité, la puissance d’un acteur à incarner plusieurs rôles, à jouer tout le théâtre tout seul. De par ce travail, il y a eu pas mal de pièces monologues qui ont été jouées et qui ont été même des succès du CITO. Je peux citer « Verre cassé » avec Charles Wattara. En plus de cela, nous avons essayé d’encourager toutes les pratiques de théâtre, comédie musicale et bien d’autres pour amener d’autres types de poésie et ouvrir le CITO beaucoup plus à l’international, avec des collaborations avec l’Allemagne, des collaboration avec d’autres pays occidentaux pour essayer de nourrir plus les acteurs d’ici. On a repensé les formations en module et on a ajouté des formations en prélude de création. C’est-à-dire qu’avant une création, comme souvent on a des metteurs en scène extérieurs qui viennent, alors on profite pour permettre à ceux qui ne seront pas retenus de profiter de l’expérience du metteur en scène pour encore apprendre. Parce que le principe, ce n’est pas que de jouer dans un projet mais on peut aussi apprendre et avoir d’autres chances et occasions de jouer dans d’autres projets.
Kulture Kibaré : Avez-vous le sentiment d’avoir fait mieux que le premier trio ?
Paul Zoungrana : Il est difficile de comparer. Parce que le premier trio est arrivé dans un contexte particulier avec des moyens que le deuxième n’avait pas eus. En plus, ça n’a pas été un changement radical. C’est-à-dire, quand nous avons intégré, il y avait un du premier trio qui était resté quatre ans avec nous avant que Mahamadou Tindano ne le remplace. Du coup, il y avait un travail de continuité. Et je dirai que c’était plus un travail de continuité. Maintenant avec le recul de notre jeunesse, nous avons essayé d’apporter ensemble plus chaud, plus de dynamisme, plus de nombre de créations. Le CITO faisait, à mon temps, au moins quatre créations par an. En 2011, on a fait au moins cinq grosses productions. Et nous avons amené une coproduction. On ne le dit pas souvent. C’est-à-dire qu’il y a des moments où le CITO ne pouvait que produire une seule création dans l’année parce qu’il était soutenu que par un seul partenaire. Il a fallu que nous cherchions parmi nos partenaires individuels ou personnels, de compagnie d’artistes, de metteurs en scène qui viennent faire des productions en coproduction pour le CITO. Je donne l’exemple des nouveaux gradins du CITO. Il a eu ses gradins grâce à un projet que j’ai réalisé avec un metteur en scène français, Claude Brozzoni, qui s’appelait « Antigone 466-64 » sur Nelson Mandela. Et c’est ce projet qui a offert les gradins au CITO. Mais aujourd’hui, personne ne peut connaître toutes ces choses-là. C’est pour dire qu’il y a eu des sacrifices que nous avons dû faire pour remplacer l’argent que le CITO ne pouvait plus avoir quand il l’avait pendant le premier moment. C’est pour ça qu’on n’a pas senti qu’il n’y avait pas beaucoup parce que nous avons comblé ce vide par nous-même, par nos relations. Et nous profitions de nos voyages personnels pour chercher des projets pour le CITO. Quand je partais en France pour mes contrats personnels, je prenais le train avec mon argent pour rencontrer des metteurs en scène pour voir comment bâtir de nouveaux projets pour que les acteurs ici travaillent. C’est comme ça qu’on a voulu même inviter l’Odéon, le deuxième plus grand théâtre de France à venir au CITO, qui était d’accord. Après nous sommes partis et je n’ai pas suivi la suite. Beaucoup d’autres projets ont eu lieu grâce à cette dynamique. On n’était donc pas dans la même dynamique que le premier groupe. Eux aussi, ils avaient beaucoup de défis, parce que c’était nouveau, il fallait installer, il fallait former les acteurs et puis il fallait professionnaliser. Nous sommes venus pour continuer avec moins d’argent. On a inventé comme on pouvait pour solutionner et on a laissé la machine à d’autres qui continuent.
IRTB
Kulture Kibaré : Vous êtes le directeur de l’IRTB. Présentez-nous ce projet.
Paul Zoungrana : L’Institut de recherche théâtrale du Burkina est un grand rêve. Je pense même que c’est un rêve de vie. Je ne le pense pas comme un petit projet et passager. C’est vraiment à vie. Parce que l’idée m’est venue du fait que je cherchais ce qui pourrait donner du sens au théâtre national burkinabè. Et je sentais qu’on était tous conditionné et condamné à produire, diffuser. Je me suis posé la question à quel moment, nous repensons la production et la diffusion ? C’est à quel moment nous prenons un temps pour s’arrêter et renouveler les formes de théâtre que nous faisons, renouveler nos propres connaissances en dehors des formes classiques de création ? Et le mot recherche est souvent utilisé par abus dans notre métier. Quand on est en création, on dit qu’on est en recherche parce qu’on se dit qu’on va trouver quelque chose d’autre. Mais moi, je veux amener la dimension scientifique de la recherche dans le milieu artistique, dans le milieu théâtral. Parce que je crois qu’aucun domaine ne peut se développer durablement sans les chercheurs. Et je pense aussi qu’il est temps qu’on cesse d’apprendre à nos jeunes praticiens que des théories des chercheurs occidentaux, américains, etc. Notre pays a une identité, on a des grands artistes, des grandes têtes qui ont fait des grandes scènes dans le monde entier qu’on perd sans connaître et il est temps que nous enseignons les pensées de ces gens et que nous suscitons dans les metteurs en scène l’engouement d’aller vers de l’invention, de la création de solution que de toujours tendre la main à d’autres pour qu’ils viennent nous aider. C’est autant de frustrations qui m’habitaient et qui m’ont amenées à me dire qu’il faut que je prenne en charge quelque chose qui est difficile, même délicat, parce qu’il n’y a pas de moyens pour accompagner cela. Donc on est parti pour mettre en place l’institut. C’est une mise en place en cours car pour mettre en place un institut tel que ça doit être, il a fallu qu’on passe par une voie associative d’abord. Mais nous avons tout fait pour que le fonctionnement respecte le fonctionnement d’une institution. Du coup, malgré le fait qu’il dispose d’une direction, nous avons un comité scientifique qui est composé à la fois de chercheurs du monde de la recherche scientifique, d’enseignants chercheurs du monde académique de l’université, d’artistes chercheurs et techniciens du théâtre, pour créer des ponts. Parce qu’il faut qu’on dialogue ensemble pour trouver un juste milieu au bénéfice des praticiens du théâtre. Il est temps qu’on arrête de monopoliser la recherche qu’au niveau académique. Vous savez, il y a beaucoup d’étudiants qui viennent me voir, qui font des thèses, des masters, des mémoires sur des projets artistiques que nous accompagnons. Mais tous ces documents sont à l’université et les artistes n’ont plus accès à ces œuvres qui viennent même de leur travail. Il est alors important qu’on ramène la pensée à son endroit et qu’on dé-complexifie nos artistes. Comme on a l’impression que beaucoup d’artistes n’ont pas de doctorat, ou qu’ils n’ont pas eu un parcours universitaire, on en fait comme si c’est des cons. On veut faire comme s’ils ne pouvaient pas trouver des solutions à leur problème. Certains artistes ont peur même du mot recherche. Quand on leur dit qu’ils peuvent être des créateurs de solutions, des chercheurs, ils se disent non. Pendant longtemps on les a dits non, ce n’est pas de votre ressort. Ce n’est pas vrai. Il y a des vieux aujourd’hui, qui n’ont pas de certificat mais qui sont des professeurs en proverbe qui dépassent des professeurs d’université dans ce domaine. Il y a des conteurs burkinabè qui sont des professeurs dans le milieu du conte. Je pense que les artistes ont besoin d’être formés, qu’on leur apprenne la méthode. A partir du moment où ils auront ces outils, ils seront capables eux-mêmes d’amener leurs vraies préoccupations, parce que ce sont eux-mêmes qui peuvent les comprendre. Comment on peut faire quelque chose de scientifique, qui n’est pas mathématique comme l’émotion, l’art, la culture ? Effectivement, la réponse que moi je donne à tous ces académiciens, c’est que si nous pouvons former un acteur à reproduire la même émotion pareille et chaque fois, cela veut dire que ça suit un chemin. Un chemin qu’ils ne peuvent pas comprendre académiquement mais que nous comprenons physiquement et que nous pouvons expliquer scientifiquement et c’est ça le scientisme. A partir de moment où nous pouvons l’expliquer et que ça suit une méthode cohérente, à mon avis, ça devient scientifique et on peut avoir la prétention d’en faire de la recherche scientifique dans le domaine artistique et théâtral.
Kulture Kibaré : Où en est-on aujourd’hui avec l’IRTB en termes de réalisation ?
Paul Zoungrana : Nous avons mis en place cinq départements. Il y a un département qui se consacre uniquement sur le jeu d’acteur, en soi-même qui a besoin d’être requestionné, d’être repensé. Il y a un département sur la mise en scène qui réfléchit sur les principes de mise en scène. Il y a un département sur les arts dits apparentés du théâtre, c’est-à-dire, conte, humour, marionnette. Il y a un autre département sur l’histoire et société qui s’occupe de tout ce qui est littérature, histoire, sociologie du théâtre. Et enfin un département technique de la scène qui concerne les techniques de la filière son, lumière, scénographie, costumes, accessoires, etc. Ces cinq départements ont des chefs de département et chaque département travail à diagnostiquer des contraintes qu’on traduit ensuite en projet de recherche. Pour le moment, l’IRTB a une philosophie de dix ans, qui est de faire des projets de recherche de développement. En fait, nous voulons que ce qu’on trouve soit immédiatement consommable. C’est pour vraiment résoudre des questions urgentes pour qu’on puisse solutionner des problèmes liés à la production, à du sens, à des repères, à du répertoire, etc. Il y a la question de la mémorisation, de la préservation de la mémoire. Parce que ce qui manque dans notre théâtre, il n’y a presque pas de mémoire. On a peu écrit. Un jeune qui commence le théâtre ne sait pas sur quoi se baser pour poursuivre. Du coup, on réinvente, on ne fait que recommencer. Chaque génération vient recommencer, peut-être souvent mieux ou autrement mais on a l’impression de patauger dans le même endroit. Et souvent tu as l’impression de créer une nouvelle chose alors que quelqu’un l’avait essayé dans les années soixante. Pour moi, tout cela, c’est du gâchis d’efforts. C’est hyper important de commencer par préserver ces mémoires et donner des bases, de valoriser nos propres gens, d’en faire des repères ou des monuments pour qu’on étudie. Je ne peux pas comprendre qu’à l’école supérieure Jean Pierre Guingané, on n’étudie pas Jean Pierre Guingané. Pour moi, c’est une figure du théâtre au Burkina qui mérite d’être un cours en entier. Il y a le théâtre-débat que lui seul a développé, qui a ses principes, qui mérite qu’on l’enseigne en Europe ou ailleurs. Quand nous arrivons en Europe, nous donnons des workshops, on participe à des master-class dans des universités et je ne peux pas comprendre qu’ici, on nous permet même pas d’intervenir dans des écoles de théâtre. C’est dommage ! On va encore aller chercher des jeunes occidentaux que nous formons pour venir former des gens ici. Je trouve cela très triste. C’est très dommage ! Il faut que les Burkinabè soient confiants, et que nous prenons en charge notre propre devenir en matière de théâtre parce que nous avons les connaissances qu’il faut, nous avons les hommes qu’il faut. L’IRTB voudrait essayer d’être le lieu qui crée les moyens pour ces gens d’aller plus loin et de montrer la chose unique théâtrale de notre pays
Kulture Kibaré : Concrètement, où on en êtes-vous avec la réalisation physique des bâtiments de l’IRTB et ses différents départements ?
Paul Zoungrana : Le problème, ce sont les moyens de la réalisation générale de tous les bâtiments. Donc, on ne fonctionne pas en plein temps, parce qu’on n’a pas les moyens comme l’Etat pour en faire tous des fonctionnaires. Ce qui fait que c’est plus des intermittents que des salariés. Nous avons un siège à Song-Naaba qui est en chantier en ce moment. C’est encore très modeste parce que pour le moment, ça se réalise avec nos moyens personnels. On n’a pas d’aide, d’accompagnement de qui que ce soit jusqu’à présent. Mais, nous pensons que c’est un engagement et nous n’allons pas attendre quelqu’un pour le faire. Aussi les projets de recherche nous coûtent plus chers que les projets d’administration. Et du coup nous pensons, qu’il vaut mieux mettre l’argent dans le projet de recherche que dans le bâtiment ou l’administration qui ne servira à rien. Ce qui fait que pour le moment, j’ai priorisé les chantiers de recherche. Alors, le projet de recherche en histoire générale du théâtre a commencé et ce n’est pas évident car il faut partir partout dans le Burkina, répertorier les gens, les rencontrer, les filmer, les enregistrer, etc. Il y a deux ans que j’ai commencé et ça prend énormément de temps. Il n’y a pas mal de gens que nous avons interviewés qui ne sont plus aujourd’hui. Heureusement qu’on a pu préserver leur mémoire quelque part. Il faut recueillir les anciennes photos, les vidéos, les anciens textes, etc. Dans cette dynamique, on a pu aujourd’hui protéger l’une des premières pièces de théâtre qui a été jouée au Burkina Faso par une troupe locale du pays qui était la troupe Yenenga. C’était la fille de la Volta. Ces pièces existent aujourd’hui. Il y a encore les œuvres de Lompolo Koné qu’on cherche à rendre électronique. Vous voyez qu’il y a beaucoup de chantier. Pour le moment nous avons priorisé le travail parce que c’est très urgent et les gens sont en train de mourir. Il faut avoir les vieux très vite alors que les moyens manquent. C’est ce qui fait que c’est trop lent au niveau des bâtiments. Pour le moment, on a juste fait un bureau avec un secrétariat, un endroit pour pouvoir recevoir les chercheurs et petit à petit on veut créer un laboratoire de recherche artistique. Il faut préciser que ce n’est pas une scène de théâtre parce qu’on estime que là où on cherche, on doit pouvoir avoir des scènes. On ne voulait pas aussi juste des maisons mais un lieu qui peut nous donner le vide. Parce que le vide est important pour qu’on puisse le remplir par de l’imaginaire. Et c’est ça que nous avons fini par trouver, une cour à Song-Naaba.
Kulture Kibaré : Ce n’est pas évident à votre âge de se hisser déjà à tel niveau de positionnement. Vous êtes peut-être envié ou jalousé. Quelles sont les difficultés auxquelles vous faites face dans le rouage ?
Paul Zoungrana : Je fais face à d’autres difficultés que la jalousie et les envies. Pour ces deux choses, je n’y tiens pas compte du tout. J’ai beaucoup de problème, ce qui fait que je n’ai vraiment pas le temps pour ces choses. Alors, les problèmes sont d’abord d’ordre financier. Il y a beaucoup à faire et beaucoup de chose demandent de l’argent. On demande souvent des sacrifices aux acteurs mais à un moment donné c’est assez. Les gens font trop de sacrifices et nous voyons aussi ce que ça représente. Ces gens sont des responsables de familles, Il y a un minimum qui souvent peut manquer. C’est ça la difficulté. L’autre grande difficulté liée aux finances, je pense qu’on ne nous aide pas à ce qu’on nous aide, c’est encore ce qui est plus grave. L’Etat peut souvent ne pas avoir des moyens mais nous permettre d’aller les chercher ailleurs, une lettre de recommandation par exemple. Et ce qu’on va chercher ailleurs les choses sont souvent bloquées parce qu’on ne sent pas en réalité la volonté politique d’accompagner les artistes. Et aussi ce qui fait parfois mal, c’est que nos projets ne coûtent pas des milliards. Ce sont des projets durables, pérennes, qui vont donner une identité à cette culture, une indépendance, etc. Ce n’est pas de l’évènementiel quand bien même que j’aime l’évènementiel, c’est-à-dire que ce n’est pas passager. Malheureusement, comme ce n’est pas de l’évènementiel ça n’intéresse pas nécessairement le politique qui veut des choses plus bling-bling pour les élections. Ce qui pèse plus sur moi, c’est le financement car j’ai beaucoup de gens à ma charge, beaucoup de personnes qui croient en nous et on a moins de moyens pour porter le projet comme on veut. Alors, on est obligé de réduire nos ambitions pour continuer à exister, pour continuer à donner parce que nous savons que l’urgence est dans la population et nous devons continuer à donner au peuple, à aider les gens à mieux vivre. Nous donnons donc de nous-mêmes et c’est la principale difficulté. La deuxième grosse difficulté, c’est celle liée à l’accompagnement humain et aussi matériel. C’est des structures qui méritent des types d’accompagnement dans la durée et que même quand ce n’est pas financé, on peut faciliter des choses sur le plan matériel ou sur le plan humain. Vous voyez en Europe, ils ont créé ce qu’on appelle les volontaires. Vous remarquerez par exemple les volontaires français. Les Blancs sont malins, ils ont créé ça pour prendre leurs jeunes chômeurs qui viennent se former ici. La plupart des volontaires qui sont passés chez moi, travaillent aujourd’hui dans des grands festivals. Finalement, ça me fait mal parce que nos jeunes frères de l’université, qu’est-ce qu’ils gagnent ? Rien. Quand tu appelles un jeune à l’université de venir pour le volontariat, il ne va pas mouiller le maillot, il ne va pas vouloir apprendre et pour finir on va se plaindre qu’il n’y a pas de boulot, qu’il n’y a pas d’administrateur qui accompagne les artistes, etc. Cet accompagnement humain manque. Il y a peu d’hommes engagés derrière les artistes qui veulent faire le boulot qu’il faut. Les gens veulent tout de suite l’argent. C’est grave ça. Je trouve enfin que nos politiques même quand ils n’arrivent pas à nous donner de l’argent auraient pu aider pour que l’argent vienne d’ailleurs. Parce qu’il y a la possibilité. Nous sortons, nous voyons ailleurs comment cela se passe mais souvent ça manque même de la politique entre ces Etats et ça bloque notre projet artistique.
L’avenir du théâtre burkinabè
Kulture Kibaré : Pensez-vous qu’il existe véritablement une politique nationale pour promouvoir le théâtre au Burkina Faso ?
Pau Zoungrana : Si elle n’existe pas, c’est très grave. Je ne peux pas dire que la politique nationale n’existe pas, parce que s’il y a un ministère de la culture, c’est de son ressort. Je pense qu’elle doit exister et que c’est moi qui ne suis pas au courant. Peut-être que je suis sous-informé. Sinon, normalement il doit avoir une politique. Et s’il en existe pas on se demande alors, le ministère suit quelle voie ? Mais il est important que même si elle existe qu’elle soit repensée avec les artistes. Le danger c’est que, les politiques existent au niveau politicien seulement et que ce sont des fonctionnaires qui pensent gouverner les artistes. C’est une grave erreur. C’est normal parce qu’il faut qu’il y ait des fonctionnaires pour administrer les artistes, mais tant que ces fonctionnaires ne seront pas formés à la chose artistique, à comprendre les pulsions qui habitent l’artiste, ils ne pourront pas aider à administrer l’artiste comme il se doit, et aucune politique ne pourra réellement faire le rayonnement de la culture et de l’artistique. L’artistique obéit à des règles qui ne sont pas que des règles de la raison. C’est des pulsions émotionnelles. Quand un artiste porte un projet, il ne se pose pas la question de combien il va gagner, en tout cas, chez nous dans le théâtre. Souvent tu me paies cinq francs pour une pièce, mais je ne joue pas pour cinq francs, je joue comme si tu me paies un million de franc. Parce que c’est le meilleur qu’on donne à chaque fois. Quand on pense à une thématique, quand des populations souffrent et que nous écrivons un texte pour critiquer pour en faire du théâtre, on pense à comment ce texte va aller vers les populations. On est dans une autre dynamique qui est une pulsion qui n’est pas que de l’administration. Ce n’est pas une seule politique et sans cette dimension métaphysique, spirituelle, physiologique de l’artiste, ça va être toujours un petit défaut. Ce qui fait que la plupart des choses qu’on a, même des fonds qui se font souvent, c’est compliquer pour les artistes. Parce qu’on a mis trop de règles, on a durci les choses de telle sorte que ceux qui devaient en bénéficier même ne profitent pas et ce sont les mêmes dealers qui gagnent. Il suffit d’avoir un bon administrateur qui sait bien mentir qui sait bien écrire le français que le partenaire veut entendre et il a le fonds. Alors que l’artiste qui a la pulsion qu’il faut, il ne va pas l’écrire comme il se doit et il ne sera pas entendu, donc il n’aura pas le fonds. On finance souvent et c’est une calebasse d’eau qu’on rejette dans la mer alors qu’à côté il y a des petites plantes qui ont besoin un peu d’eau pour encore continuer à grandir.
Kulture Kibaré : Pourquoi selon vous, n’existe-t-il pas une direction générale du théâtre au même titre que le cinéma dans l’organigramme du ministère de la Culture, des Arts et du Tourisme ?
Paul Zoungrana : Peut-être qu’ils ne savent pas que c’est important. Je pense que c’est important qu’il y ait une direction générale du théâtre parce que le théâtre en soi est vaste. Nous avons la direction générale des arts qui prend en charge un peu tout ça. Je pense qu’il faut la doter de beaucoup d’autres forces et de moyens pour que ça ne soit pas qu’administratif. Qu’on leur donne de la force d’aller vers les artistes et de faire de réels accompagnements. Sinon, ça va être juste une direction administrative, on ira chercher des attestations d’artiste mais en réalité ça ne résoudrait pas les vrais problèmes de rayonnement, de la création ou de la diffusion ou encore de la formation.
Kulture Kibaré : Que proposez-vous directement au chef de l’Etat burkinabè pour promouvoir davantage le théâtre ?
Paul Zoungrana : Il y a des structures dans notre pays qui ont besoin de s’enraciner davantage. Ce sont des structures qui sans aide ont déjà fait beaucoup et continuent de faire. Ils font de leurs fonds personnels sans aide de l’Etat nécessairement. Je pense que tout Etat devrait, en tout cas accompagner ses structures à mieux s’enraciner. Parce que ces structures sont des vitrines culturelles de notre pays par rapport à l’étranger. Il y a des artistes qui ont besoin de s’enraciner. L’enracinement a besoin d’une étude, d’une réflexion. Une structure comme le CITO, qui pourrait fermer ses portes d’ici-là parce qu’il n’y a pas de financement, il ne dépend que de la coopération Suisse, c’est une honte pour le Burkina Faso. Pendant plus de vingt ans le CITO a éduqué des gens, ce qu’il a apporté est énorme économiquement pour le pays. C’est parce qu’on croit qu’économiquement on ne calcule que des chiffres, mais cette culture a aidé des gens à mieux produire, à ne pas mourir, à mieux se soigner, à mieux étudier, et à l’économie à mieux se porter. Je cite seulement le CITO, d’autres vieilles structures sont dans des états délabrés. A mon avis, c’est dommage ! Les structures ont besoin d’un accompagnement à long terme, d’une subvention étatique annuelle régulière pour pouvoir fonctionner. Cela va les permettre d’aller plus loin. Il y a aussi à accompagner la dynamique des jeunes et des jeunes structures qui font beaucoup sans rien et qui héritent des vieilles structures, qui innovent mais qui ne sont pas accompagnés. Ce qui fait que toutes nos structures burkinabè vont se piétiner à l’extérieur dans les mêmes endroits qui financent. Tout le monde se ruent sur Africalia, Union européenne, etc. mais on ne se rue pas sur des guichets africains, c’est dommage ! C’est la culture d’un pays qu’on défend et ce pays doit d’abord se responsabiliser face à ses artistes, ce pays doit doter ces artistes d’un budget conséquent. Notre ministère devrait avoir un budget conséquent. Nous avons des faitières, il y a des fédérations qui existent et elles doivent être accompagnées pour pouvoir faire le boulot qu’il faut. Mais si les gens doivent se battre à bras le corps et que les batailles ne sont pas encouragées, à un moment donné, il y a de la fatigue. Heureusement, les artistes sont des téméraires. Avec le Covid-19, ça fait sept mois qu’ils ne travaillent pas mais ils continuent à chanter pour les gens. Je pense que, c’est beaucoup d’amour, beaucoup de générosité que les gens doivent commencer à valoriser. Parce que si on le perd, c’est toute une âme nationale qu’on va perdre.
Kulture Kibaré : A propos du Covid-19, un milliard 250 millions de FCFA ont été mobilisés par l’Etat pour accompagner les artistes burkinabè. Ce n’est pas assez pour vous ?
Paul Zoungrana : Sincèrement, c’est déjà bien. Je trouve bien qu’il y ait quelque chose qui ait été donné pour les artistes, c’est important. C’est à saluer et c’est à remercier parce que ce n’est pas évident. Ça été un coup dur et je pense qu’ils ont aussi dû batailler pour trouver cet argent vu que le pays se cherche. Alors c’est quelque chose que nous les artistes nous saluons. Nous remercions le Gouvernement. Maintenant, le hic de ces un milliard 250 millions de FCFA, c’est que cela a trop duré. On a tellement mis du temps qu’on se demandait à la longue, est-ce que c’est pour enterrer les gens ou c’est pour vraiment les aider à traverser la crise ? C’est maintenant qu’on est en train de vouloir réparer les préjudices en créant un fonds. C’est sûr que cet argent devrait suivre un certain nombre de règlements, de réflexion. Je crois que cela a tellement duré qu’aujourd’hui, les artistes ont presque oublié. Ça se présente comme s’il n’y a vraiment pas eu véritablement d’accompagnement. En réalité cet argent va aider mais ça ne va plus faire effet sur ce pourquoi il était destiné. Ça va peut-être relancer le secteur mais je pense que nos Etats peuvent toujours mieux faire.
Actualité
Kulture Kibaré : La FENATHEB a rencontré le Directeur général du Fonds de développement culturel et touristique (FDCT), le 12 août dernier à Ouagadougou. Vous évoquiez les « grandes assises du théâtre » très prochainement. C’est quoi le plaidoyer ?
Paul Zoungrana : Il faut dire que la FENATHEB travaille à rassembler au maximum toutes les disciplines du théâtre et des arts dits apparentés au théâtre. C’est dire qu’il y a un débat sectoriel qu’il faut continuer à approfondir pour solidifier la collaboration entre toutes ces disciplines et pour mener les collaborations artistiques au mieux. Aussi, il y a des problématiques intenses, graves, urgentes qui font souffrir le secteur et les artistes, c’est la question de la fiscalité, des répartitions du droit d’auteur au BBDA, la sécurité sociale, etc. C’est autant de questions, comme le financement, la pérennisation du financement du domaine culturel. Il y a beaucoup de soucis qui méritent que le théâtre au Burkina et les hommes du secteur s’asseyent pour les solutionner. Il n’y a pas mal de projets. Donc les grandes assises, ce sont des rencontres de tous les hommes de théâtre du Burkina. Parce que la FENATHEB a ses sections dans les 13 régions (11 régions plus deux points focaux que sont le Centre-Nord et le Sahel). C’est convoquer toutes ces sections et des personnes ressources ainsi que certains artistes pour réfléchir ensemble sur les problématiques qui nous concernent et arrêter individuellement d’aller se faire piétiner ou de nous combattre nous-mêmes. Nous pensons que c’est important que toutes les générations du théâtre s’asseyent, se parlent pour solutionner pour que les générations à venir gagnent davantage afin de mieux professionnaliser le métier. C’est cela les grandes assises du théâtre.
Kulture Kibaré : Quelle est votre actualité ?
Paul Zoungrana : J’ai une actualité en pointillé. Quand tu lis ton mail, tu ne sais pas dans quoi tu es. Ça veut dire que tu as de nouvelles choses qui arrivent, tu as des choses qui se décalent, qui s’annulent et qui reviennent, etc. On est perdu. Moi j’ai pas mal de chose comme ça en suspend, mais à l’heure actuelle j’écris. J’ai des commandes d’écriture et je viens de finir une pour un Allemand qui travaille sur un chœur théâtral mondial et qui voulait la pensée d’un chœur théâtral africain. Historiquement comment le chœur du théâtre peut questionner le chœur en général du théâtre de la Grèce antique ? C’est un projet assez intéressant. Principalement, j’écris beaucoup en ce moment. J’ai d’autres projets d’écriture à Lomé dans le mois de septembre et puis j’ai des reprises de spectacle, sur-conté pour la cohésion que je suis en train de reprendre. Même s’il y a Covid-19, ou des problèmes dans le pays, il faut continuer la réflexion. A l’heure actuelle je viens de finir un projet qui s’appelle racine, yingré. C’est un projet qui a bénéficié du soutien de Africalia et c’est de créer un gros spectacle de proverbes et voir comment ces paroles anciennes peuvent être convoquées pour raconter nos problèmes d’aujourd’hui et solutionner les problèmes liés aux crises politiques que nos pays traversent ? Alors, j’ai parcouru les villages, j’ai collecté des proverbes, j’en ai traduits. On a d’abord une capsule audio qui est finie et dès la semaine prochaine, elle sera diffusée dans les radios du Burkina. Comme on ne peut pas faire des spectacles d’abord, je fais diffuser au maximum dans les radios et plus tard je le ferai en spectacle vivant pour encore tourner dans les villages, les quartiers populaires, etc. Mon actualité c’est d’être toujours de proximité avec les populations, entretenir la réflexion, lire beaucoup. J’ai moins de projet qui donnent de l’argent, mais ce n’est pas le plus important. Je continue à rêver et à faire rêver.
Interview réalisée par Malick SAAGA
- « Comme on a l’impression que beaucoup d’artistes n’ont pas de doctorat ou qu’ils n’ont pas eu un parcours universitaire, on en fait comme si c’est des … »
- « Je ne peux pas comprendre qu’à l’école supérieure Jean Pierre Guingané, on n’étudie pas Jean Pierre Guingané. Pour moi, c’est une figure du théâtre au Burkina qui mérite d’être un cours en entier »
- « On va encore aller chercher des jeunes occidentaux que nous formons pour venir former des gens ici. Je trouve cela très triste. C’est très dommage »
- « Le danger c’est que, les politiques existent au niveau politicien seulement et que ce sont des fonctionnaires qui pensent gouverner les artistes. C’est une grave erreur »
Lire intégralement l’entretien en cliquant sur le lien ci-dessous
Wahou ! Interview de taille ! Félicitations Malick ! Puisse cet élément contribuer à faire entendre la voix de ce valeureux artiste pour un soutien bien mérité auprès de qui de droit.
Merci et que Dieu facilite !