Kundé d’or : 20 ans déjà sans un véritable impact sur ses lauréats
Les Kundé d’or ou les trophées de la musique au Burkina Faso, ont 20 ans d’existence. Initiés en 2001, le Commissariat général conduit par Salfo Soré dit Jah Press, s’apprête à célébrer les noces de porcelaine, le 29 mai 2020. Ce rendez-vous annuel majeur des hommes du show-biz burkinabè s’annonce en grande pompe, comme toujours.
A quelques deux mois de l’évènement, les organisateurs ont déjà effectué trois sorties médiatiques mais sans la moindre information capitale sur les innovations, les articulations de la soirée, les têtes d’affiches et les nominés. Il ne serait pas impertinent de se demander sur l’opportunité de ce boucan du Commissariat général.
Les Kundé, malgré la rareté des ressources dans le secteur culturel, ont su en 19 éditions, créé de plus en plus de l’engouement et de l’intérêt pour la filière musique. C’est pratiquement le seul évènement musical majeur qui intéresse le public depuis maintenant des années. Bravo ! Mais l’on est malheureusement tenté de se questionner sur l’impact réel de ces distinctions sur la vie des lauréats en 20 années d’existence.
Les Kundé d’or, loin de refléter le porte-étendard d’une véritable performance musicale burkinabè, s’avèrent être une soirée bling-bling, d’exhibition, de récompense partisane et claniste. Taillés sur mesure, les critères de nominations par catégorie s’appesantissent sur le travail du staff managérial que sur la création artistique (confère critères de sélections des Kundé). Autrement dit, cet évènement de façon implicite s’appuie sur des indicateurs flous marketing et communicationnels de l’artiste que sur la teneur artistique.
Parlant de récompense claniste, comment expliquer la transparence et la bonne foi dans les récompenses des œuvres par le jury partialement constitué quand on sait que, certains membres du comité d’organisation et pas des moindres ont leur artiste le plus souvent en lice ? Le Président de l’Association de Managers Professionnels de Musique au Burkina Faso (AMPM/BF), Ibrahim Zerbo (PDG), le Producteur-manager, Ismäela Zongo dit Papus, pour ne citer que ces deux visages bien connus sont tous membres de l’organisation des Kundé depuis des années. Ils ont chacun dans leur écurie, le plus souvent, des artistes nominés. On devient tout de suite, juge et partie. Si ce ne sont pas eux, ce sont quelques managers asservis, acquis pour leur cause qui voient leurs artistes couronner rois. Le sacre d’Imilo Lechanceux est donc légion. 20 ans après, cette attitude changera-t-elle ? Super malin, qui pourra nous le dire.
Les organisateurs ont toujours été interpellés à mieux faire. Parce que l’évènement a toujours créé des frustrations et des sentiments d’exclusion. Volonté s’il y en a, Jah Press et sa bande peuvent véritablement arriver à garantir par le biais des Kundé, un véritable tremplin des tournées à l’international pour le lauréat. 20 ans après les Kundés seront-ils plus ambitieux ? Peut-être mais rien ne laisse présager cela. Et à chaque fois que Jah Press est interrogé sur l’impact des Kundé, celui-ci, à travers des réponses laconiques, évoque toujours, le frottement des stars et les différentes collaborations qui s’en suivent. Le grand boss des Kundé brandit ses exploits en se félicitant d’avoir créé les conditions de la collaboration entre artistes. Le feat d’Imilo Lechanceux avec Chindima est son exemple de premier choix. Incapable pour lui, de répondre qu’après des années et des années d’existence, un lauréat a fait le tour du monde grâce à sa plateforme. C’est cela l’impact réel sur la carrière, la vie professionnelle de l’artiste, une fois lauréat.
Ce qui manque aux Kundé aujourd’hui, c’est son impartialité, sa transparence mais également de grandes ambitions ou visions. Les Kundé doivent impérativement grandir, non pas en terme de budget mais en terme de positionnement du lauréat dans un vaste circuit mondial de distribution. Cela passe d’abord par un réel engagement des organisateurs à aider les lauréats à grandir. Le principe (faire tourner le lauréat dans l’espace francophone) du Prix découverte RFI peut bien servir en amont d’orientation dans la réflexion. Sinon que 20 ans après, les Kundé font du surplace sans aucune volonté d’aider ses lauréats à grandir. Rien n’est tard et 20 ans après, c’est toujours possible.
La Rédaction
Chacun mange avec son clan. La musique Burkinabè n’avance pas, non pas parce que nos artistes sont médiocres, parce qu’il y a un clan de Mangeurs, pardon! Managers sangsues qui usent les artistes contre de petits trophets de Kundé