MASA Wakat Tour : « Nous donnons de la visibilité au MASA » (Kosta)
En marge de la 11e édition du Marché des Arts du Spectacle d’Abidjan (MASA), la Maison des Industries Culturelles et Créatives de Ouagadougou (MICCO) a initié une caravane, MASA Wakat Tour, du 25 février au 5 mars 2020. Il s’agira d’explorer 10 villes durant tout le trajet Ouagadougou-Abidjan à travers des parades, du tourisme urbain, de formation et des concerts live. Pour en savoir davantage sur ce projet, nous sommes allés à la rencontre du Directeur de la MICCO, Thegawendé Kiendrébeogo dit Kosta, le 31 janvier 2020 à Ouagadougou. Entre motivations, objectifs visés, les artistes à sélectionner, l’état actuel du budget, l’entrepreneur culturel s’est confié.
Kulture Kibaré : Vous avez initié MASA Wakat Tour en marge du MASA 2020. En quoi consiste-t-il ?
Thegawendé Kiendrébéogo (Kosta) : Nous avons pensé que participer à un marché comme le MASA qui est l’un des grands marchés, ou du moins, le plus grand marché des arts du spectacle d’Afrique, était plus qu’important. Mais en amont, il fallait postuler pour l’appel et vu que tous les artistes ne pouvaient pas être retenus, nous avons alors pensé qu’il était important tout de même de participer. C’est pourquoi, nous avons initié une caravane qui va quitter Ouagadougou jusqu’à Abidjan pour arriver, la veille du MASA et y intégrer. Nous sommes allés dans un premier temps, à Abidjan, rencontrer la direction du MASA à travers son directeur, le professeur Konaté où nous avons expliqué le bienfondé de cette démarche. Parce que, quoi qu’on dise le MASA a toujours besoin d’être connu. Dans les provinces et les petites localités que nous allons traverser, ce n’est pas évident que tout le monde connait le MASA. On va prouver qu’il y a des créateurs, des artisans qui sont chevronnés, qui sont toujours cachés et qui ne savent pas c’est quoi le MASA. C’est le lieu aussi de les amener à comprendre c’est quoi le MASA et de se dire qu’il y a un marché pour eux où ils peuvent aller monnayer leur talent.
Kulture Kibaré : Comment les activités vont-elles se dérouler ?
Thegawendé Kiendrébéogo (Kosta) : Dans le contenu de cette caravane, ce sont des concerts live avec tout naturellement de la musique. On aura de la parade avec les grands hommes des arts de la rue, on aura de la formation sur la gestion des entreprises culturelles qui sont dans ces différentes localités durant le trajet. Aussi, on a pensé qu’il était important pour nous d’amener les populations à découvrir ce qu’on a comme site touristique. Ce qu’on a appelé le tourisme urbain qui consistera à aller visiter des sites qui sont sur place dans ces localités.
Kulture Kibaré : Vous avez réunis un certain nombre d’artistes qui vous suivront tout au long de l’itinéraire. Comment s’est faite la sélection et qui sont-ils ?
Thegawendé Kiendrébéogo (Kosta) : Il n’y a même pas encore de sélection, parce que, c’est un projet pilote si vous voulez. C’est un projet qui demande beaucoup d’argent. Connaissant aussi que la mobilisation des fonds, ici au Burkina Faso, est une chose qui n’est pas simple du tout, on ne s’est pas précipité d’abord pour programmer les artistes. Il ne faut pas promettre et après se retrouver dans des soucis. C’est un projet pilote comme je le dis. Si ça réussi, les années prochaines, on va embarquer plusieurs artistes. Ce que nous sommes en train de faire aujourd’hui, ce n’est pas pour nous mais c’est pour le monde de la culture, le monde des artistes en réalité. Si le projet a marché et qu’il y a eu du soutien, chaque année ce sont de nouveaux artistes qui vont participer et non les mêmes. On va le faire difficilement que ce sera, on trouvera le moyen de le réaliser, pas à la taille peut-être que l’on aura estimé mais cette caravane sera faite de Ouaga à Abidjan pour aller intégrer le MASA, avec le nombre d’artistes qu’on aura sous la main.
Kulture Kibaré : Quel est donc le but recherché avec MASA Wakat Tour ?
Thegawendé Kiendrébéogà (Kosta) : Nous annonçons les couleurs du MASA, nous donnons de la visibilité au MASA à travers toutes les activités, c’est dire aussi que c’est un marché où nous devons aller vendre l’art de nos artistes. C’est ça, l’objectif. C’est aller participer à un marché où il y a un grand nombre de professionnels de la musique, des acheteurs, des producteurs, des managers, etc. En temps normal pour aller à un marché tu ne te fais pas inviter, tu prends ton baluchon et tu sais que tu as quelque chose à gagner là-bas et tu vas pour vendre.
Kulture Kibaré : Avec cette crise sécuritaire au Burkina Faso et la grogne au niveau de la classe politique ivoirienne en ce moment, est-ce vous avez pris toutes les dispositions pour garantir la sécurité des participants depuis Ouagadougou jusqu’à Abidjan ?
Thegawendé Kiendrébéogo (Kosta) : Je pense que la culture, c’est aussi l’un des moyens pour installer la paix et la cohésion sociale. La culture est cet instrument. Et nous pensons que nous allons utiliser cet instrument qui est la culture ou qui est la musique pour démarcher pour que se passe au mieux et que la sécurité des personnes et des biens soit garantie. Il faut dire qu’il y a des échanges en amont, avec les municipalités des villes qui seront desservies. Nous avons fait une approche vers ces municipalités pour demander de nous accueillir. Du moment où on est dans leur mur ou sur leur territoire, je pense que notre sécurité, à partir de ce moment est plus ou moins garantie.
Kulture Kibaré : Une telle activité est budgétivore. Comment comptez-vous mobiliser les fonds ?
Thegawendé Kiendrébéogo (Kosta) : Je pense qu’il n’y a pas de magie, c’est aller vers des partenaires susceptibles qui sont intéressés à se donner de la visibilité sur ce long trajet entre deux pays où chaque mobilisation touche 5000 à 10 000 personnes en moyenne. Imaginez cela et multipliez par 10, ça fait vraiment une bonne cible à toucher. On va aller d’abord vers ces personnes qui pensent que venir sur ce coup va leur donner de la visibilité, de la notoriété ou peut-être, va apporter un plus à ce qu’ils font. Il y a des partenaires institutionnels qui estiment que nous sommes dans une bonne démarche et ils viendront naturellement en tout cas nous soutenir. Ce n’est pas donc une manière cachée de comment on lève les fonds, c’est dire que c’est toujours cette manière traditionnelle. Chacun a donc sa démarche, sa manière de procéder.
Kulture Kibaré : A combien s’élève le budget de MASA Wakat Tour et est ce qu’il est bouclé ?
Thegawendé Kiendrébéogo (Kosta) : Le projet s’élève à une cinquantaine de millions de FCFA. Il n’y a jamais eu un projet où on va avec 100% du budget déjà mobilisé avec un partenaire, à ma connaissance. C’est toujours comme une affaire où, je te vends mon affaire à 10 000 FCFA et tu me dis tu n’as pas 10 000 FCFA mais que tu as 5000 FCFA. Si je trouve que les 5000 FCFA m’arrangent, on y va. Mais à ce jour-là, c’est-à-dire, tout combiné avec nos avantages avec les dons en nature, et tout, car il y a des partenariats où ce n’est pas forcement de l’argent. Mais ce qu’on te donne vient énormément éponger les charges. On peut dire qu’actuellement, on est à 40% du budget.
Kulture Kibaré : A l’heure où nous en sommes, où en êtes-vous avec les préparatifs ?
Thegawendé Kiendrébéogo (Kosta) : Les préparatifs vont bon train même si les finances ne rentrent pas comme on le dit. Mais nous sommes les enfants de l’évènementiel. Il y a un plan A de départ, il y a un plan B, C, D, E, etc. C’est pourquoi je dis, l’avantage aussi avec la MICCO, c’est que ce sont des expérimentés de la chose évènementielle qui se retrouvent. Donc à toute situation, je pense et je sais que nous trouverons la solution et que cela se fera de la plus belle manière même si ce n’est pas grandiose.
Kulture Kibaré : Quel est votre cri cœur à quelque trois semaines de l’activité ?
Thegawendé Kiendrébéogo (Kosta) : Le cri de cœur, c’est de dire aux hommes des institutions politiques ou privées de faire confiance à cet évènement parce qu’il n’est pas forcement pour nous, mais c’est aussi pour la grande famille de la culture. Si ce projet, pour une première fois a marché, que le MASA a eu confiance en nous, que les institutions qui nous ont accompagnés ont eu confiance en nous, il n’y a pas de raison que les années qui viennent que l’activité ne soit pas reconduite. Et quand c’est reconduit, ça serait plus grand et on va embarquer beaucoup plus d’artistes encore avec nous. C’est un projet qui est venu de nous et nous avons plusieurs articulations qui peuvent être mises dans le panier. Il reste seulement à ce que les gens aient confiance en nous et nous accompagne sur ce coup. Parce que c’est le début qui est difficile. Une fois qu’on arrive à le faire, ça sera tout bénef pour tout le monde.
Propos recueillis par Malick SAAGA