Ingénieur du son : Entre amateurisme et tâtonnement

Ingénieur du son : Entre amateurisme et tâtonnement

Le concert de clôture, « Beogo Tour » de l’artiste musicien burkinabè, Dez Altino, tenu le vendredi 6 décembre dernier au CENASA a été émaillé par des pannes techniques.

Les dieux de la technique soient loués! Le « Prince national » a su surmonter, ces quelques difficultés, pour offrir à ses fans et au public qui ont effectué le déplacement, un spectacle mémorable.

Il convient de relever que ce type d’incidents est monnaie courante au pays des Hommes intègres. Aucun événement (concert, meeting, atelier, dédicace d’album, etc.) n’échappe à cette situation. Mais, faut-il pour autant, laisser faire ou regarder ces pannes techniques de sonorisation s’inviter à tort dans les événements importants et/ou de grande envergure?

Certes, il n’existe pas de sot métier, mais certains « jobs » nécessitent au préalable une formation académique ou professionnelle et rigoureuse.

L’ingénieur du son, puisque c’est de lui qu’il s’agit est technique. C’est un technicien spécialiste des équipements relatifs à la production sonore ou musicale. Le métier d’ingénieur de son, demande du sérieux, du professionnalisme et non de l’à-peu-près. Il ne saurait s’exercer sans un minimum de bagage théorique soutenu surtout par une formation pratique.

Sur un plateau de cinéma, celui-ci est appelé chef opérateur. Il est l’oreille du réalisateur. À la fois artiste doté d’une bonne culture musicale et technicien de haut vol, il est le responsable de l’identité sonore du film. Qualité du son, tonalité des dialogues, choix des bruitages… son travail commence dès la lecture du scénario, durant laquelle il imagine la couleur sonore du film. En fonction de ses choix et de son analyse, il adapte son matériel de prise de son. Après le tournage, il réalise le mixage, étape essentielle qui consiste à mélanger et à doser les différentes sources sonores pour obtenir la bande son définitive du film.

La plupart du temps, ici au Burkina Faso, il s’agit d’individus maîtrisant peu ou pratiquement pas les fondamentaux de la régie technique. On ne devient pas ingénieur du son seulement par vocation. Il faut se former, s’imbiber les bases fondamentales. L’apprenti-électricien ne conduit pas à un ingénieur du son. C’est bien plus complexe que cela puisqu’il est une personne avertie chargée de la gestion efficace du son.

Alors, il ne suffit pas de savoir brancher des câbles, appuyer ou tourner quelques boutons pour prétendre être un ingénieur de son. C’est tout un art. C’est pourquoi vous remarquerez toujours pendant les spectacles de grande envergure au niveau national qu’international, certaines personnes admises d’office pour la gestion entière du son. Elles s’y connaissent sérieusement car réglant avec dextérité les boutons afin d’extraire toute la qualité sonore.

En la matière, le burkinabè Eliézer Oubda est jusque-là, un bel exemple, une fierté africaine. De la sonorisation du MASA à celle de l’investiture du président libérien Georges Weah en passant par le festival Fleuve sur le Niger ou encore les spectacles d’Alpha Blondy au Faso, pour ne citer que ces événements-là, cet ingénieur du son a été adoubé. Mais combien sont-ils au Burkina Faso?

L’apothéose de « Beogo Tour » avec l’artiste Dez Altino au CENASA a montré les limites de certains techniciens. Les crashes répétés des micros, le vrombissement déconcertant des câbles défectueux qui lâchent en pleine prestation, la mauvaise harmonisation de l’ensemble des instruments de musique à partir de la console, autant d’erreurs intolérables relevées et qui témoignent d’un amateurisme béant sur fond de tâtonnement.

Pour être ingénieur du son, sous d’autres cieux, il faut passer par des formations diplômantes (BTS métiers de l’audiovisuel, option métiers du son, Diplôme d’études supérieures des techniques du son-DESTS option sonorisation, etc.) avec des pratiques terrains. Est-ce le cas chez bon nombre de Burkinabè ?

A la fois artiste et technicien, c’est à l’ingénieur du son que revient la charge de veiller à la réussite d’un spectacle. Il allie pratique musicale et maîtrise de technologies complexes.

Sans l’ingénieur du son, un spectacle ne serait qu’un brouhaha. Et la réussite d’un concert live repose en partie sur le génie de celui-ci. C’est pourquoi, les « bons » professionnels du domaine avant tout spectacle examinent au préalable le site pour étudier dans les moindres détails ce qu’il faut pour réussir la sonorisation.

Il est alors indiscutablement temps pour les uns et les autres de retourner se former franchement, du moins pour ceux qui désirent véritablement vivre de ce métier.

La Rédaction

 

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