Reggae burkinabè : La légèreté de certaines productions en dit long
C’est un paradoxe ! Le Burkina Faso abrite bien d’évènements de musique reggae (Festival reggae city, Marley d’or, Lucky never dies, etc.). Cependant, ses praticiens ou nos artistes icônes du reggae sont presqu’inexistants sur les scènes africaines et mondiales. Ils donnent, à ne s’y méprendre, l’impression de ne sortir du bois qu’à des occasions, au niveau national, pour après se fondre dans la masse. So what is the problem ?
Le reggae jamaïcain a été classé patrimoine mondial de l’UNESCO pour avoir participé à l’éveil des consciences. Qu’en est-il du reggae « made in Burkina » ? Cette appropriation burkinabè ne saurait se contenter de manifestations culturelles ponctuelles à caractère ludique. Abidjan est la troisième capitale de ce genre musical après Kingston (Jamaïque) et Londres (Angleterre), respectivement premier et deuxième. Qu’est ce qui caractérise ces trois pays? Ce sont bien entendu leurs icônes du reggae devenus aujourd’hui stars interplanétaires, mais surtout la vitalité de ce genre musical dans leur pays. De l’indétrônable et regretté Bob Marley à Alpha Blondy, en passant par Culture, U-Roy, Ziggy Marley, Burning Spear, Tiken Jah Fakoly, etc. la liste semble très longue. Au Burkina Faso, Jah Verity, Onasis, Grand docteur, Dick Marcus, Imanya, Madess, Big Desal, Sana Bob, Almamy KJ, Ima Hado, pour ne citer qu’eux, ont essayé ou essaient tant bien que mal de maintenir, peut-être d’allumer le flambeau du reggae. Mais les efforts semblent chimériques malgré l’ultime lutte qu’a mené Sams’K le Jah à travers son émission reggae à l’époque pour l’éveil des consciences. La conquête nationale aujourd’hui, semble toujours si difficile, n’évoquons donc pas de celle africaine.
Pouvons-nous au stade actuel des choses parler d’un « Reggae burkinabè » ? Avons-nous une ou deux figures emblématiques du reggae qui s’imposent en Afrique ? Laissons le soin à chacun de se faire sa propre opinion ou d’en tirer ses conclusions.
Une chose est cependant indéniable, ce ne sont pas les concerts reggae qui manquent ici. La donne reste toujours la même pourtant depuis des années. À qui la faute? Sur cette autre question, les avis sont également sans doute partagés. D’aucuns n’hésitent pas, cependant, à tort ou à raison, de qualifier Ouagadougou de 4e capitale du reggae. Battre en brèche ou confirmer ce point de vue n’est pas l’objet de cette analyse.
Un fait est incontestable, les amoureux du reggae sont nombreux au Burkina Faso. Pour s’en convaincre, il suffit de jeter un coup d’œil à l’engouement des uns et des autres lors de la date anniversaire de la disparition de Bob Marley, le 11 mai de chaque année. Comme par magie, tout le monde se découvre une âme de rasta. Ou sommes-nous de simples amateurs périodiques du reggae ?
Il revient à ces millions de Burkinabè de montrer également leur admiration pour nos reggaemen locaux quand ils le font à la bien. Il ne peut d’ailleurs en être autrement quand l’on sait que le reggae est une musique de dénonciation de l’injustice, une musique de conscientisation. Bref, ce genre a de tout temps été une musique engagée. Et cette musique ne pourrait trouver meilleur terreau fertile qu’au Burkina Faso, qui a séduit des millions de personnes à travers le monde lors de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014.
Toutefois, il appartient à nos chanteurs reggae de « mouiller le maillot » pour enfin mériter la place. On n’est jamais leader par hasard, dit-on. Et l’une des solutions passe par la production d’œuvres musicales de qualité, de qualité et encore de qualité. Disposer de la culture reggae, comprendre la musicalité et savoir s’y prendre en y apportant sa touche particulière comme l’a fait Lucky Dube, sont quelques défis à relever pour la plupart de nos reggaemen burkinabè. Le chanteur reggae est d’abord et avant tout un artiste engagé car, le Reggae est, faut-il le rappeler, une musique de résistance culturelle, politique et sociale, etc. Maîtriser les outils techniques pratiques du reggae est aussi indispensable et nécessaire. Sinon les productions burkinabé ne pourront se hisser au panthéon du reggae africain voire mondial.
La Rédaction