Musique burkinabè : Où sont passées ces artistes chanteuses ?
Exceptée l’artiste chanteuse Hawa Boussim, et dans une moindre mesure Mariah Bissongo, la plupart des chanteuses burkinabè (Rovane, Idak Bassavé, Tiness, Adji, Belissa, etc.) semblent avoir disparu des écrans radars de la scène musicale de notre pays, ou affichent une carrière stagnante (Awa Sissao, Daisy Franck, Wendy, Pamika…).
Retraite anticipée? Repli stratégique? Panne d’inspiration? Traversée du désert? En attendant que des voix plus autorisées, à commencer par les premières concernées, éclairent la lanterne des Burkinabè, notamment les mélomanes, il nous revient de nous pencher sur la place des chanteuses dans le milieu du Showbiz burkinabè.
A vue d’œil, elles peinent à connaitre le relatif succès de leurs homologues masculins. Or, depuis quelques années, les artistes chanteuses burkinabè, dont le nombre est estimé à environ 3000, voire plus, sont quasi-présentes dans les différents styles musicaux. Malheureusement, elles continuent d’être moins sollicités que les hommes, ou le cas échéant se voient proposées des cachets dérisoires. Pire, elles occupent les secondes places sinon moins dans les différentes compétitions musicales organisées dans notre pays.
Pour preuve, en près de deux décennies d’organisation, le Kundé d’Or a enregistré deux femmes (Amity Méria en 2004, et Hawa Boussim en 2018) ! Face à cette faible sollicitation et sous-représentation, certaines d’entre elles ont pris le chemin de l’exil (Sami Rama, Youmanli, Sonia Carré d’AS, etc.), tandis que d’autres ont préféré goûter aux joies de la vie de foyer, ou encore se muer tant bien que mal en femmes d’affaires.
Aussi, le Burkina Faso étant à tort ou à raison perçu comme un pays légèrement conservateur, être chanteuse n’est toujours pas bien vu. A cela, s’ajoute le difficile choix entre mariage et carrière face à des pesanteurs socio-culturelles très présentes. Ces raisons que nous venons d’évoquer sont peut être justifiées, valables ou tout simplement erronées. Qu’à cela ne tienne, une vérité essentielle se dégage : Seul le travail paie. Rien ne s’obtient sans effort dans ce bas monde.
Que l’on soit homme ou femme, la lutte est de mise pour se faire une place au soleil. C’est pourquoi, la création de l’Association Burkinabè des Femmes Artistes Musiciennes (ABFAM), dont l’un des objectifs est de défendre les intérêts moraux et matériels des chanteuses burkinabè, est déjà en soi un grand bond en avant. Et le combat doit se poursuivre au quotidien. Revendiquer les mêmes cachets que les hommes, et exiger un quota d’artistes féminins dans la composition des plateaux artistiques des événements culturels phares du Burkina Faso doivent être absolument mis en avant dans cette quête d’une meilleure représentation dans le landerneau culturel burkinabè.
En attendant, la bataille est déjà enclenchée sur le terrain avec l’arrivée sur la scène musicale de nouvelles « guerrières » de la musique burkinabè (Malika la slameuse, Nabalüm, Fleur, Natou, Sali Sanou, Sali Diabaté, etc.). La victoire est à portée de main …
La Rédaction