Musées du Burkina : Moderniser notre histoire commune ou disparaitre

Musées du Burkina : Moderniser notre histoire commune ou disparaitre

Les lampions se sont éteints sur la Semaine des musées tenue du 5 au 15 septembre 2019 dans la belle Cité de SYA. Plus d’une semaine durant, la maison de la culture Monseigneur Anselme Titiama Sanon a abrité des conférences, des expositions, des formations sur les techniques de guidage et de conservation des objets d’arts… L’objectif affiché, selon les initiateurs de l’événement, a été de promouvoir les musées du Burkina Faso. Cette initiative mérite donc à plus d’un titre d’être saluée à sa juste valeur au regard de la place de cette institution dans la conservation et la promotion de la culture d’un peuple.

Du grec « mousseion » (temple de la muse), le musée est, selon  le dictionnaire Encarta, un lieu de mémoire et de rencontre privilégié entre un public et des objets, choisis et rassemblés en collections. Une définition précise a, toutefois, été établie par le Conseil international des musées. La prestigieuse institution présente, en effet, le musée comme étant « une institution permanente, sans but lucratif, au service de la société et de son développement, ouverte au public et qui fait des recherches concernant les témoins matériels de l’homme et de son environnement, acquiert ceux-là, les conserve, les communique et notamment les expose à des fins d’études, d’éducation et de délectation ». La clarté et la pertinence de cette définition ne souffrent d’aucune zone d’ombre.

Vue d’un musée assez modernisé

Lors de la cérémonie d’ouverture de la Semaine des musées, le ministre en charge de la culture, Abdoul Karim Sango enfonçait davantage le clou en ces termes : « Les musées constituent une partie de nous-mêmes. Lorsqu’on vient visiter un musée, l’on vient à la rencontre de soi-même parce que le développement tant recherché en Afrique ne pourra être réalisé si on ne fait pas de retour sur nous-mêmes ». Fort malheureusement, au Burkina Faso, tout comme dans certains pays de la sous-région, l’on assiste, depuis les indépendances, à un très faible taux de fréquentation des musées. Plusieurs raisons pourraient, entre autres, expliquer cette contreperformance constatées dans nos établissements muséaux (Musée national, Musée communal Sogossira Sanou de Bobo-Dioulasso, Musée des civilisations des peuples du sud-ouest, Musée de Manéga, etc.).

Un peuple sans âme

Il s’agit du désintérêt chronique et congénital des populations vis-à-vis de la chose muséale (visiter un musée n’est pas ancré dans les mœurs des burkinabè et des africains en général); de la faible promotion de la culture burkinabè par un certain nombre d’acteurs (historiens, archéologues, entrepreneurs culturels, journalistes, etc.), et surtout de l’existence d’infrastructures muséales obsolètes. Et c’est un euphémisme de le dire. Nous nous attarderons sur ce dernier point. La plupart de nos musées, disons-le tout net,  s’apparentent plus à des « dépotoirs d’antiquités » qu’à autre chose. L’état de conservation des objets, leur disposition, et l’esthétique des lieux ne sont pas de nature à attirer les visiteurs toute couche sociale et nationalité confondues. Or, faut-il le souligner,  le paysage muséographique, au plan international, a beaucoup évolué, et ce depuis des lustres. Le Musée moderne obéit aujourd’hui à plusieurs principes. Il doit désormais, selon les spécialistes, concilier la mise en valeur des objets présentés et le confort des visiteurs. L’éclairage participe à cette double exigence. La lumière est utilisée pour interpréter l’objet et l’espace, permettant ainsi d’orienter, d’informer, de séparer ou de rassembler, de cacher ou de dévoiler, d’agrandir ou de réduire, sans pour autant détériorer les œuvres exposées.

A  ces règles viennent se greffer différents principes de circulation des visiteurs : le type « linéaire » respectant un schéma de circulation obligée (Ex: musée national de Tokyo); le type «circulaire», dont l’espace central, desservant les espaces d’exposition périphériques, permet un libre itinéraire de visite (Ex: musée du Louvre à Paris) ; le type « labyrinthique » où les espaces différenciés, bien qu’enchaînés les uns aux autres, n’imposent aucune contrainte de circulation au public (Ex: Musée du quai Branly à Paris).

De ce qui précède, il apparait évident qu’il revient dès à présent à l’Etat burkinabè ou toute autorité en charge de cette question précise de s’engager résolument sur le chemin de la modernité. Dit autrement, outre le travail de sensibilisation des populations, rendre modernes, attrayants et luxueux nos musées nationaux est plus que jamais une exigence incontournable. Car, comme l’a relevé un jour quelqu’un, un peuple sans histoire est un peuple sans âme.

La Rédaction

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