Humour : 14 amateurs s’approprient les techniques de l’espace vide

Quand pendant la prestation les participants représentent la chaise avec le corps sur scène

Ils étaient 14 jeunes amateurs à se livrer à un exercice artistique de fin de formation. Devant un public enthousiaste, chacun des participants de cette promotion 2022 de la traditionnelle formation des humoristes émergents du Cercle des arts vivants (CAV) a étalé son talent. Les prestations individuelles se sont mêlées aux prestations collectives au plaisir des spectateurs. Chaque humoriste a disposé de quelques minutes pour son numéro. Si pour les uns, c’était plus ou moins stressant, les autres ont pu tirer leur épingle du jeu en s’amusant comme des professionnels.

Pour le fondateur du CAV, l’humoriste son « Excellence » Gérard Ouédraogo, par ailleurs initiateur et formateur principal, l’objectif est donc  atteint. « L’objectif, c’était de les faire jouer pendant plus d’une heure sans accessoires et sans scénographie. C’est un pari gagné », a-t-il apprécié d’emblée. A l’entendre toujours, l’humoriste a besoin d’un travail de fond personnel pour faire exister tout sur la scène. Un humoriste, de son avis, n’a pas nécessairement besoin de faire venir une voiture sur la scène, ni un cheval encore moins une grande maison, car il peut faire exister tous ces objets sans les y convoquer d’où le thème de cette session de formation « l’humoriste et l’espace vide ».

Son « Excellence » Gérard Ouédraogo pose avec la promotion 2022 du CAV

Effectivement, pendant la soirée de restitution, nous avons pu percevoir comment ces jeunes amateurs ont construit une maison, une table, une chaise, etc. à travers juste une représentation du corps. « Nous nous sommes inspirés du concept de Peter Brooth, c’est-à-dire l’espace vide qui est la force de l’humoriste », a expliqué le formateur. Pour lui, il est important de démystifier cette nouvelle tendance de mise en scène « exagérée » de certains humoristes célèbres qui convoquent le plus souvent une scénographie encombrante.  « Quand un humoriste est bien formé, sur scène, il n’a pas besoin d’accessoires, une grosse scénographie, parce que ça devient des béquilles pour cacher son insuffisance. Or, quand on est bien formé, l’humoriste, lui seul avec son micro face au public peut bien l’ entretenir pendant plus d’une heure 30 minutes  », a confié son « Excellence » Gérard Ouédraogo. C’était la principale clé de cette formation qui s’est déroulé du 7 mai au 30 juillet 2022.

Les participants recevant les attestations de participation

Ce furent des séances essentiellement pratiques s’appuyant sur une initiation au métier de l’humour, le jeu d’acteur et le traitement des thématiques dans l’espace. Une approche holistique qui vise à outiller conséquemment l’humoriste, estiment son « Excellence » Gérard et son assistante Haoua Sangaré, afin qu’il puisse bien incarner les personnages et jouer bien les situations. C’est le cas de Abdoul Wahabou Compaoré. Etudiant, il n’avait jamais auparavant joué sur une scène. C’est désormais chose faite. Il avoue avoir acquis des bagages pour préparer des numéros. « Nous avons travaillé sur comment se tenir sur la scène, parce qu’on ne doit pas se déplacer au hasard. Comment improviser avec un objet ? La manière de monter le ton, etc.  », a-t-il témoigné.

Même son de cloche chez Mariam Sankara. Elève, elle sort également grandie de cette formation. « J’ai appris la maîtrise de soi, la confiance en soi, comment marcher dans l’espace ? », a-t-elle dit. A l’instar de son prédécesseur Abdoul Wahabou, elle envisage une carrière professionnelle dans l’humour. Et le CAV est le cadre idéal puis qu’il s’est donné pour mission depuis sa création de former et de donner un cadre d’expression à tous ceux qui désirent exercer dans l’humour.

Il faut rappeler que cette soirée de restitution du CAV s’est bien déroulée. Les spectateurs, les participants et les journalistes ont saisi l’occasion sous une fine pluie bienfaisante à la fin pour échanger en toute convivialité.

Malick SAAGA

Kulture Kibaré