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« All the colours of the world are between black and white » : Un film à thème LGBTQ en compétition
Le long métrage fiction « All the colours of the world are between black and white » du réalisateur d’origine nigériane, Babatunde Apalowo est en lice pour l’Etalon d’or de Yennenga. Il a été projeté le 23 février 2025 au Centre national de Presse Norbert Zongo dans le cadre donc de la 29e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO). C’est un film qui aborde le romantisme entre deux mecs, Bawa et Bambino. Il invite d’ailleurs à accepter cette différence « contre nature » qui émerge très difficilement sous nos contrées africaines.
La présente édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO) a pour thème : « Cinémas d’Afrique et identités culturelles ». La thématique est évocatrice. Elle pose, de toute évidence la problématique identitaire de nos œuvres artistiques africaines. Et à bien écouter les différents discours prononcés avant et pendant la 29e édition, les voix invitent les professionnels en général et ceux du 7e art en particulier à penser et à repenser l’être et le devenir des cinémas d’Afrique et de sa diaspora. Morceau choisi pour vous : « Le cinéma est, en effet, un miroir de la société, un vecteur puissant d’appropriation de notre culture, de nos valeurs, de nos rêves, et de nos luttes. Il nous permet de raconter nos histoires, de partager nos réalités, de mettre en lumière nos traditions pour mieux faire face aux grands défis de notre temps.
À travers le cinéma, l’Afrique réaffirme sa singularité sociale, son authenticité culturelle et sa part d’humanité dans l’univers de la création et de l’innovation. Le cinéma africain, loin d’être une simple représentation de la réalité, est un moyen de résistance, une preuve de résilience et un symbole fort d’émancipation. Il est l’expression d’une diversité culturelle unique, d’une pluralité de voix qui viennent enrichir le dialogue mondial.
Cette édition du FESPACO, en mettant l’accent sur les identités culturelles, nous appelle avec insistance à explorer les richesses inouïes et la fascinante complexité d’une Afrique nourricière, à travers le prisme du cinéma. Nos écrans doivent refléter qui nous sommes, d’où nous venons. Nos écrans doivent éclairer et guider notre marche en avant vers un avenir radieux ». Vous venez de lire un extrait du discours du leader actuel du pays des Hommes intègres, le Capitaine Ibrahim Traoré lors de la cérémonie officielle d’ouverture.
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Une vue des cinéphiles lors de la projection du film au profit de la presse au Centre national de presse Norbet Zongo.
Peut-être que le LGBTQtisme notamment l’homosexualité est une réalité nigériane. Nous n’en savons rien. Mais, il est clair que l’histoire d’amour de ce long métrage fiction « All the colours of the world are between black and white » traduit en français « Toutes les couleurs du monde se situent entre le noir et le blanc », sous nos contrées s’écarte d’une Afrique noire authentique dans une phase de reconnexion avec son histoire intrinsèque qui cherche à tracer la véritable voie de son émergence, de son développement. N’est-ce pas ?
Rendez-vous compte que le réalisateur nigérian Babatunde Apalowo aborde l’histoire amoureuse de Bambino, un célibataire qui gagne sa vie en tant que livreur à Lagos. Il est d’abord courtisé par sa voisine Ifeyinwa. Les deux essaient de vivre difficilement leur relation sentimentale car Bambino est toujours froid en présence de sa compagne Ifeyinwa. Par contre, face aux avances du photographe gay Bawa, Bambino est tenté. Le poids des préjugés pèse sur lui dans une société qui rejette pourtant l’homosexualité. Les séquences présentent quelques petits attouchements des deux garçons avant de laisser transparaître clairement dans le dénouement du film, l’effet charnel de Bawa sur Bambino. De façon implicite mais évidente, le réalisateur envisage le début d’une relation sentimentale assumée des deux hommes.
Cette fiction qui dépeint cette relation « contre nature » dans la plupart des contrées africaines dont le Nigéria dénonce la stigmatisation de personnes différentes tout en invitant la société à les accepter. Sérieusement quelle est la plus-value d’une telle œuvre dans un FESPACO qui se penche sur l’africanité pour tracer sa propre voie du développement et où les grandes figures militent pour une décolonisation culturelle dans nos cinémas d’Afrique ?
L’artiste n’est-il pas libre ou Babatunde Apalowo crée pour le FESPACO ? C’est toute la quintessence de notre questionnement. Cependant que valent des convictions artistiques devant des grosses machines financières ? Nous n’en savons peut-être rien !
Ram OUEDRAOGO
Kulture Kibaré