Journée des coutumes et traditions à Tenkodogo : Démonstration de rites coutumiers chez les forgerons

La célébration de la Journée des coutumes et traditions, le 15 mai 2025 a été spectaculaire à Tenkodogo, dans la région du Centre-Est. Sa Majesté Naaba Guiguim-polé Dima de Zoungrantenga Roi de Tenkodogo et ses invités de prestige à savoir le ministre des Infrastructures et du Désenclavement, Luc Adama Sorgho; le gouverneur de la région du Centre-Est, le Colonnel Aboudou Lamizana et bien d’autres personnalités ont pu percevoir une partie du processus d’extraction du minerai de fer. Toute la démonstration publique témoigne d’un savoir et d’un savoir-faire des forgerons. Ainsi, devant un autel de la forge érigé à l’occasion, Sanaaba Kuilg Bounda du Rim Biiga de Ramessoum dit KPG aux côtes des forgerons de Tenkodogo ainsi que des forgerons venus du Togo, du Bénin, du Mali ont maîtrisé le feu et le fer suivant un rite perceptible.

Des forgerons venus du Togo, T-Bol ont dansé sur du feu devant le public.

Loin d’être un spectacle ludique, c’est un spectacle réservé seulement aux initiés qui a égayé le public, car c’est sur le feu que les forgerons dansaient. Mais avant de procéder à cette démonstration, ils ont effectué devant les invités quelques rites laissant paraître tout le mystère que renferme la forge du fer.

Avant cette prestation spirituelle, l’ex-ministre en charge de la culture, Dr Elise Thiombiano, s’est prononcée sur l’ingéniosité de ces forgerons. A l’en croire, dans certaines régions du Burkina Faso notamment le Plateau central ou l’Est ou encore l’Ouest, il existe des forgerons métallurgistes. « Au regard de leur fonction, ils sont soit aimés soit respectés soit craints. Craints tout simplement parce qu’ils ont le secret de la réduction du minerai de fer », a-t-elle affirmé. Le forgeron, confie-t-elle est un guérisseur, un gynécologue, un dentiste, un croque-mort, un thérapeute… d’où son respect dans la société. « Le forgeron est également un médiateur parce qu’il était politiquement neutre… Si vous prenez le cas donc du Plateau central de chez les Mosée, en général qui était tenu de gérer les différends ? C’était le Yonyionga. Lorsqu’il ne parvenait pas, on envoyait le Yadga. Et lorsque ce dernier aussi n’y parvenait pas, le dernier recours c’était le forgeron. Et le forgeron était donc tenu de faire en sorte les différends soient apaisés et que les populations puissent se parler », a-t-elle soutenu.

Les démonstrations coutumières et artistiques se sont déroulées devant le Naaba Guiguim-polé Dima de Zoungrantenga Roi de Tenkodogo et ses invités de prestige.

Selon Sanaaba KPG, le forgeron a toujours joué un rôle dans la résolution de crise. « Aujourd’hui, notre pays traverse une crise. Une crise sans précédant qui divise nos frères et sœurs. Normalement le forgeron devrait jouer son rôle d’intercesseur, de médiateur, de réconciliateur pour permettre aux fils et aux filles de se reconnecter pour pouvoir vivre dans la paix et dans l’harmonie. Mais étant donné que la fonction du forgeron est méconnue dans d’autres instances, il est très difficile de pouvoir utiliser cette pratique, ces techniques anciennes pour résoudre », a regretté le chef forgeron de Saaba de la commune de Arbollé.

Forgeron et Sanaaba Kuilg Bounda dit KPG

Sa Majesté Naaba Guiguim-polé Dima de Zoungrantenga Roi de Tenkodogo dans son discours solennel prononcé par l’un de ses notables a rappelé les objectifs poursuivis à travers cette célébration de la Journée des coutumes et traditions à Tenkodogo. « Les objectifs poursuivis sont immenses dont le couronnement est celui d’informer et d’interpeller toutes les communautés du Burkina et de la sous-région à faire de nos valeurs ancestrales des outils de résolution et de prévention de crise, mieux d’en faire une priorité », a-t-il déclaré. Lire aussi : https://kulturekibare.com/2025/05/15/tenkodogo-le-forgeron-au-coeur-de-la-journee-des-coutumes-et-traditions/

C’est pourquoi la cité de Rialé a voulu, à travers cette deuxième édition de la Journée des coutumes et traditions au Burkina Faso, mettre en exergue le forgeron tout en rappelant ses savoirs et ses savoir-faire indispensables à la société.

Du thème principal : « Contribution des forgerons à la résolution des crises » et des quatre autres thèmes développés ont permis à tous ceux qui ont effectué le déplacement les 14 et 15 mai à l’esplanade de la cour royale de Zoungrantenga d’être encore plus éclairés sur les forgerons.

Ram OUEDRAOGO

Kulture Kibaré