Art de la marionnette : La compagnie du Fil assure la relève
Débutée le 13 juin dernier, la formation d’une nouvelle génération de marionnettistes, intitulée « La relève » a connu son épilogue, ce 27 juin 2024 à Ouagadougou. Des jeunes filles et garçons ont pu découvrir l’univers de la marionnette et renforcer leurs capacités opérationnelles auprès de marionnettistes chevronnés.
Selon le marionnettiste burkinabè, Athanase Kabré « la marionnette est une figurine ou un objet qui est manipulé. Tout est marionnette et tout peut devenir marionnette. Il faut mettre de la manipulation sur un objet inanimé en lui donnant vie ». Depuis plus de trois décennies, celui-ci s’est consacré à cet art. D’abord en tant que comédien au Théâtre de la Fraternité, puis marionnettiste et fondateur de la compagnie du Fil. On se rappelle encore de son spectacle de marionnette « Le Musée Bombana de Kokologo » qui a parcouru toute l’Europe et qui lui a permis de se positionner comme la figure de proue de la marionnette en Afrique.
Malgré ce beau palmarès d’Athanase Kabré et de sa compagnie, une certaine opinion pense que l’art de la marionnette n’a pas encore pris son véritable envol au Burkina Faso. « Contrairement à ce qu’on pense de la marionnette, il y a la demande. Et on ne peut pas en tant que compagnie du Fil satisfaire toutes ces demandes », a rétorqué Athanase Kabré.
C’est d’ailleurs face à cette forte demande qu’il a jugé nécessaire d’organiser la formation « La relève » au profit d’une nouvelle génération de marionnettistes. C’est une formation qui devrait en principe se dérouler sur une année et en trois sessions. Faute de soutiens conséquents, la compagnie du Fil va l’étaler sur trois ans avec l’appui de son partenaire Africalia.
La première session de formation, du 13 au 27 juin 2024 à Ouagadougou a accueilli des stagiaires motivés. Ils ont été outillés sur l’histoire de la marionnette, les fonctions de la marionnette en Afrique, les types et techniques de marionnettes et surtout la conception, la fabrication, la manipulation, la mise en espace, etc. Les formateurs sont Romain Ilboudo, Hyacinthe Kabré, Gervais Nombré, Saidou Ilboudo et Athanase Kabré himself.
« L’objectif en venant ici, c’était de pouvoir connaître la marionnette. Puisqu’étant enfant, on jouait déjà avec des poupées, pour nous, les filles. On voyait aussi des marionnettes souvent dans des spectacles. Mais comment est-ce qu’on les manipulait ou quel était le travail derrière tout ça ? Après la formation, je suis vraiment satisfaite. J’ai pu apprendre la conception, la fabrication, la manipulation et la dramaturgie avec la marionnette », a témoigné la participante, Yvette Somda, étudiante en fin de cycle en Lettres modernes et passionnée de marionnette.
Idrissa Diallo a également pris part à la formation « La relève ». Artiste comédien conteur, il est venu renforcer ses capacités opérationnelles. « J’avais eu la chance en 2015 de participer à une formation de la compagnie du Fil. Le temps imparti n’était pas suffisant et on avait juste appris à faire des marionnettes à fil…Quand je suis reparti à Ouahigouya, j’ai fabriqué trois marionnettes à fil, mais j’avais sérieusement des difficultés à les manipuler. Cette fois-ci, je voulais comprendre plus. J’ai pu découvrir les différents types de marionnette et comment les manipuler dans un spectacle. Parce que moi de mon côté à Ouahigouya, j’en ai fait un métier… Si je repars à Ouahigouya, je vais rassembler aussi des jeunes pour leur transmettre ce que j’ai appris et former un groupe », a-t-il confié.
Lors de cette restitution de la première session les stagiaires ont présenté un bout de spectacle de marionnette. Ils ont été applaudis par la poignée d’invités. La deuxième session est prévue pour l’année prochaine.
Ram OUEDRAOGO
Kulture Kibaré