Jeunes « stars » de la musique urbaine burkinabè : Une illusion illusoire !
Nous avons l’habitude d’entendre, dans la bouche du Sage qu’il faut éviter de mettre la charrue avant les bœufs. Autrement dit, les bœufs doivent être mis avant la charrue pour pouvoir la tirer dans une direction donnée. En français facile, il faut toujours commencer par le commencement et non par là où on devrait finir. Faisons les choses en suivant logiquement les étapes. Ce qui n’est pas toujours évident avec cette génération actuelle d’artistes chanteurs urbains burkinabè.
Vous l’avez peut-être constaté, il y a une véritable production de masse des œuvres musicales dans le paysage discographique burkinabè. Les studios d’enregistrement qui poussent comme des champignons, ne chôment absolument plus. Les passionnés de la musique sont nombreux. Et ils rêvent vite d’un succès. Tellement obnubilés, certains font la fuite en avant sans prendre le soin d’intérioriser les bases requises du chant.
Oui, faire de la musique nécessite un minimum de savoir et de savoir-faire. Il y a des règles et des principes universels dans ce corps de métier. Il faut les apprendre. Il ne s’agit pas de s’inscrire nécessairement dans une académie de musique, mais simplement de s’imprégner les basiques pour pouvoir chanter au moins juste.
Pour y échapper, certaines de nos « stars », très en vogue, ont préféré la voie et la voix de la facilité. Elles font ainsi recours aux outils et techniques des Nouvelles technologies de l’information et de la communication (Ntic) pour étriller leurs tares vocales, avec la complicité de logiciels de correction de voix en studio. Cette pratique est très courante au Burkina Faso.
L’Auto-tune est l’un de ces outils efficaces pour non seulement corriger les imperfections de la voix mais aussi créer des effets pour masquer ses limites. De très bons chanteurs en utilisent parfois, non pas pour tricher mais pour des raisons diverses. Eux, ils n’exagèrent pas, puisque ce n’est pas une habitude.
L’Editing est aussi un dispositif technologique qui permet l’ajustement d’une voix. Il intervient dans la post-production d’une chanson. Après l’enregistrement de la voix, l’ingénieur de son, grâce à son logiciel Melodyne peut retravailler la perfection de la voix, les intonations et même apporter aussi des corrections temporelles.
Vous connaissez certainement d’autres outils performants pour tricher avec sa voix. De même, il est possible de tricher sur une scène live devant un public. Cependant, nous n’avons pas encore tout l’arsenal technologique pour en arriver là. C’est pourquoi, nos espaces live sont une véritable surface de vérité où la vedette qui n’a que son micro et ses musiciens accompagnants, s’exprime de façon vraie et sincère.
Certains de nos jeunes chanteurs devenus « stars » se paient les services de musiciens chevronnés pour espérer produire le miracle sur une scène live, devant les fans. Peine perdue. Le talent ne ment pas et le mensonge ne traverse pas le temps. On peut fabriquer une star de la musique mais pas un artiste. Loin de chez nous, l’exemple le plus concret, est le Guinéen Moussa Sandiana Kaba dit Grand P. Il reste une star, mais difficilement un chanteur.
Ces « stars » sur Auto-tune ou sur Editing, qui courent les rues au Burkina Faso, ont lamentablement déçu avec le temps. Vous rappelez-vous de l’ouverture et/ou la clôture du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO) 2023 au Palais des Sports Ouaga 2000 ? Heureusement ou malheureusement, les mélomanes burkinabè sont de plus en plus avertis. Ils arrivent désormais à distinguer la bonne graine de l’ivraie.
Chanter requiert un minimum de savoir et de savoir-faire. Il ne faut pas alors sauter les étapes. Tout le monde a un potentiel, mais pas le talent de chanteur. On peut être un très bon rappeur et nul en chant. Chanter, ça ne se force pas.
Certaines de nos « stars » burkinabè doivent avoir l’humilité d’apprendre à chanter. Se faire coacher vocalement et se faire composer la musique par un professionnel sont indispensables. Pour aller loin, il faut bien ménager sa monture. Sinon, frimons dans l’illusion tout en tournant en rond.
La Rédaction
