Kayawoto – Amzy : Et après ?
Kayawoto, le « roi de la Maouland » a fait le plein du palais des sports de Ouaga 2000, le 12 juin 2021. D’une capacité d’accueil de 5000 places, cet espace dédié au sport se révèle de plus en plus être pourtant le baromètre des jeunes vedettes musicales burkinabè. Puisqu’avant le concepteur de « toong toumdé », le jeune rappeur Amzy, avait, lui aussi, presque fait le plein de la même cuvette, le 15 mai 2021.
Ces prouesses resteront sans doute gravées dans les annales de l’histoire de la musique moderne burkinabè, et du rap « made in Burkina Faso » en particulier.
Les deux bonhommes ont suscité l’envie chez certains collègues à travers leurs exploits. C’est ainsi que depuis ces deux dates mémorables, ils sont nombreux qui ambitionnent aussi de rééditer cette réussite au palais des sports de Ouaga 2000 et même au stade du 4-Août. Le rappeur, Smarty l’a déjà annoncé, dans son récent concept « allons échouer au stade », le 20 novembre prochain. Ses jeunes collègues lui auraient peut-être galvanisé. Cela, est de bonne guerre. C’est la musique burkinabè qui gagne et par ricochet la culture du pays des Hommes intègres.
Faire salle comble ou jouer à guichet fermé est en toute logique le rêve de tout musicien. C’est rationnel et intelligible. Toutefois, remplir le palais des sports de Ouaga 2000 ou le stade du 4-Août, ne doit aucunement pas être dans certains esprits une finalité. Loin de là. C’est souvent l’étape la plus difficile à surmonter dans une carrière musicale, surtout dans le contexte burkinabè.
Le 8 octobre 2004, le groupe Yeleen relevait le défi de la musique burkinabè au stade municipal Issouf Joseph Conombo. Même si ce n’était pas salle comble le public avait bien répondu présent. Smarty et Manwdoé, après cet exploit n’avaient réussi encore plus, en tout cas, au Burkina Faso.
Le 10 novembre 2012, Greg Burkimbila avait écrit la plus belle page de sa carrière en livrant deux fois le même concert la même soirée. Car, faute de places, il fallait alterner deux publics pour le même show. Après ce succès, le chanteur tant chéri par tous, n’a plus réussi un tel pari jusqu’à son hibernation.
Des cas sont légions. Et ces différentes expériences laissent percevoir selon toute vraisemblance que le plus dur au Burkina Faso pour un artiste, c’est de remonter la pente, une fois qu’il a fait un grand saut.
Les épreuves de Yeleen et de Greg Burkimbila doivent alors interpeller Kayawoto et Amzy. Qu’est-ce à dire concrètement ? Si l’étape du palais des sports de Ouaga 2000, avec ses 5000 places est franchie, la prochaine conquête, suivant la logique, c’est un cadre encore plus étendu que ce palais. Et la question que l’on se pose, les Burkinabè sont-ils prêts à garder ce dynamisme et à maintenir le mercure chaud avec leurs vedettes ayant le vent en poupe ? Que s’est-il donc passé avec Greg Burkimbila ou avec Yeleen ? Chacun pourra faire son jugement.
Mais de notre humble conviction, le bon produit qui est appelé à demeurer dans le temps et dans l’espace, ne saute aucune étape dans le façonnement. Il faut alors apprendre par le commencement, travailler davantage et être patient. S’entêter à vouloir organiser immédiatement un concert au palais ou au stade pourrait s’avérer malencontreux. Le public burkinabè est parfois imprévisible, insaisissable et indomptable. La communauté des réseaux sociaux est bien différente des spectateurs physiques.
L’objectif n’est pas de défier un palais ou un stade. Mais plutôt de s’assurer qu’en tant qu’artiste, aucune étape de sa carrière n’est violée. Le succès, loin d’être triomphant doit au contraire ouvrir les yeux et conduire à une véritable prise de conscience pour la suite d’une carrière.
La Rédaction