Jeu d’acteur : Le cinéma ce n’est pas faire le perroquet
Le Burkina Faso, où se déroule tous les deux ans le Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO), dispose d’une pléiade d’artistes comédiens dont la renommée, pour certains, a franchi les frontières du pays.
Profession à tort ou à raison ouverte, le métier de comédien ou d’acteur accueille, à une vitesse grand V, chaque jour que Dieu fait au pays des hommes intègres, des hommes et des femmes de toute couche sociale confondue.
Beaucoup de jeunes d’acteurs burkinabè singent
Certains font preuve d’un « talent » très discutable devant le petit ou le grand écran, tandis que d’autres s’illustrent ouvertement à travers de piètres prestations. Or, le jeu d’acteur va au-delà du simple fait de faire des mimiques, gesticuler ou rendre à merveille le contenu d’un texte ou d’un dialogue tel un perroquet. Il est vrai que sous d’autres cieux, de nombreux acteurs ont accompli des merveilles et continuent de le faire, sans être passé sur les bancs d’une école d’Art dramatique. Mais, toujours est-il que le passage dans une telle institution y est un prérequis avant d’embrasser une vraie carrière d’acteur ou de comédien.
Aux États-Unis, capitale mondiale du 7e art, il existe très peu d’acteurs qui ne soient pas passés, par exemple par l’Actor Studio (qui a formé de grands noms tels Robert De Niro, Al Pacino, et bien d’autres sommités). Contrairement aux réalisateurs chevronnés burkinabè diplômés d’institut de formation cinématographique en Europe ou aux Etats-Unis, de nombreux acteurs burkinabè actuels n’ont bénéficié d’aucune formation, à part celle dite « formation sur le tas ». La plupart sont également issus du Théâtre. Cela étonnera sans doute plus d’un, mais cette dernière donne est à l’origine du jeu médiocre ou approximatif de nos braves acteurs et comédiens.
Le cinéma ce n’est pas du théâtre
Plusieurs d’entre eux, il est regrettable de le dire, peinent à faire la différence entre les plateaux de cinéma et les planches. Jusqu’à preuve de contraire, le théâtre et le Cinéma sont deux entités diamétralement opposées, chacune présentant des règles très bien définies. Malheureusement, le passage de certains au théâtre déteint négativement sur leur prestation à l’écran. De plus, ils sont nombreux à être restés au fil des ans les mêmes sans aucune innovation au plan personnel. Toutefois sur cette question, les cinéastes burkinabè sont en partie responsables de cette méforme ou contre-performance.
Des références qui font du sur place
Car, il appartient au réalisateur d’attribuer un rôle donné à un acteur. Comment s’améliorer si on se voit à longueur de réalisations proposer les mêmes rôles? C’est pourquoi, nos acteurs pour la grande majorité d’entre eux sont incapables de jouer un véritable rôle de composition. A quand les cinéphiles burkinabè vont-ils découvrir au cinéma un autre Oyou (soulard, pagailleur, filc inconscient), Chocho (moqueur, provocateur, calomniateur, etc.), Babouanga (comique, bavard, paysan très jovial)? La liste est longue.
Que cela ne tienne, il revient aux premiers concernés de mettre tout en œuvre, vraiment tout (recyclage, formation, effort personnel) pour changer la donne, et éviter que « Ouagadougou, capitale du cinéma africain » ne devienne une simple imposture.
Les réalisateurs burkinabè doivent, pour leur part, proposer d’autres rôles aux acteurs burkinabè. Quant aux autorités en charge de la culture, et le gouvernement burkinabè en général, ils doivent à présent songer à l’érection d’écoles d’art dramatique dignes de ce nom.
La Rédaction